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Dominique Chargé, LCA, « Le contexte inflationniste actuel crée des tensions sur bon nombre de marchés »

Le | Cooperatives-negoces

Interrogé par Référence-Agro sur les dossiers « chauds » de la rentrée, Dominique Chargé, le président de la Coopération Agricole en a cité plusieurs : la nécessité de revoir la gestion des risques climatiques et sanitaires, le contexte inflationniste des matières premières mais aussi le projet de loi Besson-Moreau.

Dominique Chargé, LCA, « Le contexte inflationniste actuel crée des tensions sur bon nombre de marchés »
Dominique Chargé, LCA, « Le contexte inflationniste actuel crée des tensions sur bon nombre de marchés »

La gestion des risques fait, selon Dominique Chargé, le président de la Coopération Agricole, partie des dossiers prioritaires à aborder dans les mois à venir. « Le monde agricole sait gérer un risque climatique une année sur 10, pas 3 années sur 5 ! L’amplitude et la récurrence des phénomènes ne cessant d’augmenter, il est urgent d’avancer rapidement sur ce dossier au risque de manquer un rendez-vous capital pour assurer la souveraineté alimentaire du pays. Le monde agricole ne peut pas, seul, faire face financièrement à tous ces aléas ». Il estime que « la gestion et la répartition du risque doivent être prises en charge par la puissance publique ».

Logistique, conditionnement, fret… pénurie de main d’œuvre

Malgré des éléments concrets de reprise et de relance, Dominique Chargé insiste sur des difficultés persistantes notamment sur le plan des recrutements. « La dynamique de relance implique des embauches. Nombre d’entreprises peinent à recruter du personnel dans les métiers de la logistique, du conditionnement, du fret… Une situation qui impacte les coûts de la logistique notamment. Des tensions existent aussi à l’échelle mondiale sur les matières premières, alimentaires ou non. Le coût du bois et de l’acier a par exemple progressé de 30 à 50 % en un an. Celui des emballages, des cartons, des plastiques, de l’énergie… ont également fortement augmenté. Sans parler de la volatilité du marché des grains. Une situation qui impacte directement nos métiers car ce contexte inflationniste crée des tensions et une instabilité de l’approvisionnement. »

La loi Besson-Moreau doit tenir compte de la réalité de tous les marchés

Tout comme à la FNA, interrogée la semaine passée via la voix de son délégué général François Gibon, le projet de loi Besson-Moreau mobilise les équipes de la coopération agricole. « Nous devons retrouver des leviers de meilleure rémunération des agriculteurs. Le principal risque est de traiter ce dossier uniquement par la voie réglementaire et d’en oublier la réalité du marché, de tous les marchés (local, national, export…) qui, juxtaposés, font la rémunération des agriculteurs. Cette loi doit acter le fait que l’alimentation a un coût. En 40 ans, la part du budget des ménages dans l’alimentation a été divisée par deux alors qu’en parallèle, les exigences en termes de sécurité et de qualité sanitaire n’ont, elles, cessé d’augmenter », rappelle Dominique Chargé.

Assumer une croissance responsable

Selon lui, « la survie des exploitations et avec elle, la puissance économique de notre pays et nos capacités d’exporter sont en jeu. Nous veillerons à ce que le monde coopératif ne soit pas maltraité par cette loi. Car en parallèle, nos entreprises doivent investir dans la décarbonation, dans la transition agroécologique… cela a un coût. Les coopératives sont prêtes à assumer une croissance responsable. Mais attention à ne pas mettre en place une économie de la décroissance ! »