La Coopération agricole présente les perspectives de l’année 2023
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Consommation, hausse des charges, marchés, enjeux environnementaux… Quels seront les sujets primordiaux pour l’année 2023 ? Quels seront les leviers qui impacteront le résultat des coopératives ? Pour répondre à ces questions, la direction Compétitivité et Transition écologique de la Coopération agricole a organisé plusieurs tables rondes le 18 janvier. Les intervenants se sont montrés optimistes, mais prudents.
Le 18 janvier, la direction Compétitivité et Transition écologique (ECO²) de la Coopération agricole organisait une matinée d’échanges pour présenter les enjeux de l’année 2023, autour de trois axes identifiés par les coopératives : la compétitivité, la transition écologique et les demandes des consommateurs. Matthieu Pasquio, directeur général adjoint de LCA et directeur d’ECO², a évoqué les sujets transversaux sur lesquels travailleront ses équipes au cours de l’année. Parmi eux, la finalisation de l’étude carbone, l’accompagnement des bilans d’émissions de gaz à effet de serre, le plan de soutien aux filières bio ou encore, le suivi et l’accompagnement de l’affichage environnemental.
Les coopératives, résilientes malgré les risques
Au cours de la première table ronde, dédiée à la compétitivité, Thierry Pouch, économiste de Chambre d’agriculture, rappelait que si l’année 2022 avait connu les plus faibles taux de croissance depuis près de cinquante ans, « les entreprises françaises envisageraient quand même de continuer à investir malgré les risques liés à l’inflation, aux charges et à la fin de la flambée des prix agricoles ». Une vision optimiste, corroborée par Axel Retali, responsable de l’agriculture pour le Crédit Agricole : « Nous sommes rassurés par la résilience des coopératives. Je n’aurais pas tenu ce discours à l’automne ! »
Difficile de répercuter les hausses de charge auprès de l’aval
Jacques Bourgeais, directeur général de Cavac, estime pour sa part que, pour traverser les crises, « il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Nous avons été confrontés à une triple sanction : la guerre en Ukraine, la grippe aviaire et le climat. Dans ce contexte, la diversité de nos métiers nous permet de faire face. » Cavac a répercuté les hausses de charges sur les consommateurs dans les jardineries, mais aussi auprès des agriculteurs. « En BtoB, dans les GMS, c’est plus difficile, et ce malgré la loi egalim », reconnaît-il. Un groupe de pilotage ad hoc a été mis en place chez Cavac pour les questions énergétiques, afin d’optimiser les consommations et les contrats. « Se pose aussi la question de nos investissements, ajoute Jacques Bourgeais. Faut-il réviser nos priorités d’investissements, en retarder certains ou en remettre d’autres en haut de la pile ? »
Des pistes pour réduire l’impact carbone de la production alimentaire
Une deuxième table ronde, consacrée aux transitions écologiques, a permis à Thomas Guibaud, référent agriculture du Céréopa, le Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales, de présenter une cartographie des émissions carbone élaborée avec la Coopération agricole. Julien Coignac, responsable RSE de Cristal Union, a évoqué la stratégie carbone de la coopérative sucrière, qui fait partie des 50 sites industriels les plus polluants auxquels Emmanuel Macron a demandé de réduire leur impact carbone. Expérimentations sur micro-parcelles, agriculture régénérative, utilisation des pulpes de betterave en méthanisation et en combustion, Cristal Union a adopté un ensemble de pratiques vertueuses. « Ramené à la tonne de sucre ou d’alcool, nous sommes moins émetteurs que nos concurrents, indique Julien Coignac. Nous voulons valoriser cette performance en mettant en place un premium à payer par nos clients et à réinvestir sur la partie agricole, sur l’expérimentation, les pertes de rendements des producteurs. Mais il sera insuffisant pour financer la transition de nos sites industriels. » Enfin, Sabine Maillot, directrice développement durable et RSE de la filiale française du groupe britannique Compass, deuxième groupe mondial de restauration, a évoqué la nécessité de relocaliser et d’améliorer la qualité des aliments de restauration collective. Une annonce accueillie favorablement par l’ensemble des personnes présentes dans la salle.
En 2023, la consommation sera drivée par le pouvoir d’achat
Enfin, le troisième échange portait sur les attentes des consommateurs. Marie-Laure d’HOOP, directrice RSE et communication de Jacquet Brossard, filiale de Limagrain, a déclaré : « Les attentes sont multiples, contradictoires, elles bougent vite, mais certaines s’ancrent dans la durée. » Notamment le besoin d’informations et de transparence, la qualité nutritionnelle des aliments et la notion de plaisir. D’après Olivier Adda, CEO de la société de consulting AMKC et Christophe Brossault, responsable du développement filières pour Auchan, le pouvoir d’achat sera le principal driver des achats alimentaires en 2023. Pour autant, les enjeux de proximité, d’environnement et de qualité des aliments ne doivent pas être écartés, car ils restent au cœur des préoccupations des Français, et notamment des jeunes consommateurs. Selon les experts, l’un des principaux leviers d’action des coopératives pour faire adopter leurs produits demeure la communication et la nécessité de clarté, notamment sur les emballages. « Ne comptez pas sur les consommateurs pour aller consulter vos sites ou se renseigner sur les pratiques, prévient Olivier Adda. C’est à vous de faire de la pédagogie. »
Trois autres tables rondes se tiendront au cours de l’année 2023 : une matinale alimentaire sur l’eau le 4 avril, sur les consommateurs le 11 juillet et sur les relations commerciales le 10 octobre.