« La récolte d’été est une déception pour l’heure », Michel Le Friant, responsable métier du grain chez Eureden (29)
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La récolte estivale chez Eureden accuse un retard de deux semaines en raison des conditions météorologiques défavorables. Selon Michel Le Friant, responsable métier du grain, les rendements sont en baisse significative par rapport aux attentes habituelles, avec seulement 12 % de la collecte effectuée, contre 45 % à la même période l’an dernier.
Référence Agro : Où en est la récolte chez Eureden, et quels impacts la météo a-t-elle eu sur la collecte cette année ?
Michel Le Friant : La météo nous a causé environ deux semaines de retard cette année. En termes de quantité, nous sommes en dessous des attentes habituelles. Nous avons tout juste rentré 12 % de la collecte contre 45 % l’an dernier à la même date. Nous avons récolté un tiers des colzas, 45 % des orges et nous venons tout juste de démarrer les blés. Les rendements sont en baisse par rapport à ce que nous attendions. Nous sommes autour de 62 à 65 qx/ha pour les orges, contre 72 à 75 qx/ha habituellement. Les PS sont corrects, autour de 65 avec une humidité de 15 %.
Pour les colzas, nous avoisinons les 30 qx/ha contre 35 qx une année normale. Le taux d’humidité moyen est de 9,6 %, ce qui montre qu’ils ont été rentrés dans des conditions climatiques limites.
Les premiers résultats sur blés montrent des PS autour de 76. En principe, les premiers blés rentrés ont des meilleurs PS, de deux points supérieurs. Les grains sont humides et ont besoin d’être séchés, ce qui n’est pas normal pour des céréales d’été.
L’humidité des grains complique le séchage et peut affecter la qualité des récoltes. Il va falloir bien ventiler pour préserver les qualités dans les silos.
Les retards de récolte vont provoquer des problèmes de salissement des parcelles.
R.A. : À combien estimez-vous la collecte d’été ?
M.L.F. Nous nous attendons à une baisse de la collecte d’été d’environ 10 à 15 %. Nous nous attendons à 800 000 tonnes, contre 900 000 tonnes habituellement. C’est une forte déception pour les producteurs. Habituellement, nous collectons 1,2 million de tonnes de céréales au total, dont 55 % en blé tendre, et entre 250 000 à 300 000 tonnes de maïs.
R.A. : Quand pensez-vous terminer cette collecte ?
M.L.F. : Nous espérons terminer d’ici la mi-septembre. L’année dernière, nous avions fini à la fin du mois d’août, donc nous avons clairement du retard cette année du fait des semis tardifs en céréales de printemps.
R.A. : Pouvez-vous nous donner un aperçu des perspectives pour le maïs ?
M.L.F. : Nous prévoyons une légère augmentation des surfaces cultivées de maïs, de 55 000 hectares l’année dernière à 57 000 hectares cette année. Mais nous n’en voyons pas en fleurs : le potentiel grain est loin d’être acquis, même si les surfaces sont présentes.
R.A. : Quelle est la situation économique des céréaliers ?
M.L.F. : La situation économique des céréaliers est tendue. Les marges bénéficiaires ont diminué ces dernières années, principalement en raison des coûts croissants et des défis climatiques. En moyenne, les marges ont diminué d’environ 20 % par rapport à il y a deux ans. Cette année, avec les baisses de 10 à 15 % de rendements et les prix des intrants qui augmentent, nous nous attendons à une nouvelle baisse des résultats économiques sur les ateliers grandes cultures, sauf si un rebond des marchés permet une compensation partielle.