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« Les bilans carbone de coopératives variées présentent des similarités », Camille Poutrin, Greenflex

Le | Cooperatives-negoces

En comparant les empreintes carbone de quatre groupes coopératifs français en polyculture-élevage aux caractéristiques variées, la société Greenflex constate, malgré tout, des points communs. Camille Poutrin, cheffe de projet, a livré les enseignements de cet exercice le 25 mai 2023, lors du Terrasolis meeting.

Camille Poutrin, cheffe de projet agro, carbone et écosystèmes au sein de Greenflex. - © D.R.
Camille Poutrin, cheffe de projet agro, carbone et écosystèmes au sein de Greenflex. - © D.R.

La société Greenflex, spécialisée dans l’accompagnement de la transition environnementale et sociétale des entreprises, travaille quotidiennement avec le secteur agricole. Cheffe de projet agro, carbone et écosystèmes, Camille Poutrin a co-organisé le Terrasolis meeting du 25 mai 2023, à Reims. Elle s’y est livrée à un exercice original : la comparaison des bilans carbone, réalisés par l’équipe Greenflex, de quatre coopératives agricoles de polyculture-élevage situées dans quatre régions différentes, et de tailles diverses (le chiffre d’affaires variant d’un facteur 20 entre la plus petite et la plus grande).

Les intrants, premier émetteur de carbone

« Nous avons réalisé ces bilans séparément, mais une analyse comparative révèle des troncs communs », glisse Camille Poutrin. Dans les quatre cas, les intrants pèsent très lourd dans le total des émissions, avec une contribution allant de 52 à 91 % (en moyenne 77 %), le fret se situant sur la marche suivante (8 % en moyenne). Viennent ensuite les émissions lors de l’utilisation ou la transformation des produits vendus par la coopérative (7 %). « L’énergie, qui est souvent l’un des premiers facteurs d’émission cité spontanément par les acteurs des filières, ne représente que 2 % », précise Camille Poutrin.

Les filiales créent des différences

Le poids de l’activité de chaque coopérative elle-même (collecte) a été comparé à celui de ses filiales, révélant une large dominance des activités de la première en règle générale, dans un rapport moyen de 68 % contre 32 %. « Le type d’activité mené par les filiales crée toutefois une variabilité dans ce chiffre, commente Camille Poutrin. Le machinisme ou la transformation de produits animaux ont, par exemple, un impact important. »

Frets maritime et routier aval, 85 % de l’empreinte liée aux transports

L’empreinte carbone liée au transport est, enfin, fortement liée à la situation géographique. Dans l’une des quatre coopératives, le fret maritime représente moins de 5 % de ce compartiment d’émission contre plus de 50 % pour celles se situant à proximité de zones d’exportation fluviale ou maritime. « En moyenne, le fret maritime représente 42 % des émissions liées au transport pour ces quatre coopératives, autant que le fret routier, note Camille Poutrin. C’est en soi un mode de transport plutôt vertueux, huit fois moins impactant que le routier, mais le grand export jusqu’en Asie traduit des distances gigantesques, avec un impact non négligeable. Nous incitons les coopératives à réfléchir à leur modèle, par exemple en implantant des cultures aux débouchés locaux, qui permettent de réduire tous les types de fret. »