Les coopératives innovent pour s’adapter au changement climatique

« Il est essentiel d’aller au-delà des constats et bâtir des solutions concrètes pour les agriculteurs », a insisté Eric Masset, président du comité environnement-climat-énergie de La Coopération Agricole, le 28 octobre au colloque « Agriculture et changement climatique ». Le débat était co-organisé par la Coopération agricole et Solagro, dans le cadre du projet Life AgriAdapt. L’occasion de montrer que les coopératives agricoles prennent au sérieux le sujet et innovent en la matière, chacune à sa manière.

Revoir les assolements et piloter l’irrigation

Dans le Sud-Ouest, Maïsadour a expliqué son travail sur les besoins en eau des maïs, soja et tournesol. Près de 200 agriculteurs sont accompagnés dans le pilotage de l’irrigation par le biais de l’outil Agrotempo. Pour aller plus loin, la coopérative tente de changer plus en profondeur les modèles, notamment dans les bassins à déficit hydrique, avec une vingtaine d’exploitants. « Le pilotage de l’irrigation au besoin de la culture ne suffit plus, explique Baptiste Cuny, responsable innovation services agronomiques. Depuis 2019, nous revoyons l’assolement et l’irrigation dans un plan d’actions à cinq ans. Cela demande du temps car le projet est ambitieux. Les premiers résultats sont encourageants : nous avons amélioré le ratio « quintaux par millimètre d’eau » de 10 à 15 %. » La coopérative reconnaît qu’il faudra mesurer l’impact économique des changements de pratiques et former les conseillers.

Des retenues collinaires dans les exploitations

De son côté, Vivadour mise sur le stockage de l’eau, avec le service Eaux vives. « Toutes nos cultures sont touchées par le manque d’eau », indique Frédéric Marcato, le directeur R&D. L’idée est de créer des retenues à l’échelle de l’exploitation pour maintenir les niveaux de production. Elle a lancé un appel à candidatures. « Nous avons reçu une centaine de demandes, poursuit-il. Une vingtaine sont finalisées aujourd’hui. »  La coopérative innove avec un système de remplissage hivernal avec pompe solaire. « Tout ce travail nous a permis d’entrer en relation avec des associations locales et de d’échanger avec nos adhérents sur un sujet sur lequel ils avaient du mal à se lancer », ajoute-t-il.

Le sol, un facteur de résilience

Quant à Terrena, elle a choisi de travailler sur la fertilité des sols. Elle a réalisé une étude statistique montrant que des parcelles de blés, orges, maïs, colza ou triticale pouvaient avoir 9 % de rendement en plus, à intrants et conditions climatiques équivalentes. « Un sol bien pourvu est plus résilient et moins sensible au changement climatique », explique Laurent Varvoux, responsable fertilité des sols au service agronomique de Terrena. La structure a sensibilisé ses adhérents et formé trente conseillers.

Un duo conseiller-agriculteur

Enfin, pour réduire l’impact de l’agriculture sur le climat, Vivescia développe l’agriculture de conservation des sols. Elle accompagne 350 exploitants dans le changement vers ce modèle de production. « Le rôle des conseillers est fondamental, indique Jean-Luc Forrler, chef de projet « conservation des sols ». Nous devons donner les outils et les clés de décision aux exploitants pour qu’ils puissent se lancer. »

Le changement climatique marque le besoin d’un accompagnement plus fort des agriculteurs, dans un contexte où les distributeurs doivent mettre en œuvre la séparation de la vente et du conseil. « Cette évolution remet le conseil au cœur du débat, insiste Baptiste Cuny. Le duo conseiller-agriculteur sera l’avenir de l’évolution des pratiques… à condition de laisser la place au conseil dans nos structures. »

La vidéo de la visioconférence sur le changement climatique coorganisée par La Coopération agricole et Solagro est en ligne.