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Les filières apicoles et de production de semences oléagineuses nouent des partenariats fructueux

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L’idée émane des filières de semences de tournesol et de colza. Le Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis), l’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Anamso), et l’Union française des semenciers (UFS), ont organisé le 21 mars une journée « Des hommes et des abeilles : partenaires indissociables en production de semences oléagineuses », à la Cité de l’espace à Toulouse.

Co-animé par Référence environnement, l’évènement fait suite au premier colloque rassemblant les filières apicoles et oléagineuses à Mercurol dans la Drôme en 2011. Les deux secteurs ont depuis travaillé ensemble pour améliorer la production de semences et la santé des abeilles. En effet, la production de semences nécessite la présence des pollinisateurs. Lesquels trouvent en contrepartie une ressource mellifère.

Succès pour la charte des bonnes pratiques agricoles et apicoles de pollinisation

« Les collaborations, timides en 2011, se convertissent aujourd’hui en partenariats pérennes », explique Laurent Bourdil, président de l’Anamso. Par exemple, la plateforme Beewapi, « le meetic de la profession », met en lien les apiculteurs et les agriculteurs. Mais surtout, une charte des bonnes pratiques agricoles et apicoles de pollinisation a été créée en 2014. Elle fixe notamment des meures sur les modes d’application des produits phytosanitaires et sur l’irrigation.

Réduire l’exposition aux pesticides

Toutefois, des menaces pèsent toujours sur les abeilles dont les mortalités ne faiblissent pas. Outre le Varroa, Axel Decourtye, directeur scientifique et technique de l’Institut de l’abeille, Itsap, a rappelé l’impact majeur des pesticides. Réponse du côté végétal : l’institut technique des oléagineux et protéagineux, Terres Inovia, indique qu’elle suit la dynamique des abeilles, les contraintes techniques des agriculteurs, leur manière de prendre des décisions et les priorités des apiculteurs. Cette démarche a abouti à des préconisations de bonnes pratiques.

« Ces conseils sont fondés sur la limitation des traitements, leur interdiction en présence d’abeilles, le choix de produits avec mention abeilles, un faible vent, des traitements éventuels autour du coucher du soleil, explique Fabien Lagarde, directeur de l’action régionale et du transfert chez Terres Inovia. Nous avons constaté une évolution sensible des pratiques et nous ne relâchons pas nos messages afin de protéger les abeilles, les pollinisateurs et les auxiliaires. Par exemple le nombre moyen de traitement insecticide sur colza au printemps est passé de 1,9 en 2012 à 1,4 en 2014 et 1,1 en 2017. »

L’importance de la diversité des paysages

Autre facteur pour une faune pollinisatrice abondante et diversifiée, ainsi qu’une bonne santé des abeilles : la diversité des paysages. « Les haies et les infrastructures agro-écologiques, IAE, disparaissent, remarque Fabrice Allier, coordinateur pollinisation et ressources à l’Itsap. Deux périodes de disettes alimentaires apparaissent : mai-juin et août-octobre. » La dimension spatiale est également primordiale pour ces insectes qui se repèrent grâce aux éléments structurants du paysage. « Les IAE génèrent des corridors écologiques indispensables aux pollinisateurs », poursuit-il.

Toutefois, l’apiculteur n’est pas le gestionnaire principal de l’espace. Il est par conséquent dépendant des pratiques des agriculteurs. « Il est nécessaire d’aborder avec le monde agricole les différents sujets pour créer des systèmes gagnant-gagnant », ajoute Fabrice Allier.

Terre-Atlantique renoue le dialogue entre agri et api

Des exemples naissent sur le terrain. À l’instar de la démarche conduite par la coopérative Terre-Atlantique, en Charente-Maritime. Elle contractualise la production de semences et de miel en réunissant les deux filières. « Nous avons compris les succès et les échecs de la pollinisation. Ils concernent par exemple la gestion des isolements en cultures ou encore l’impact des conditions météorologiques sur l’activité des ruches, explique Yannick Delhomme, responsable des productions de semences oléagineuses chez TERRE ATLANTIQUE. Nous présentons aux apiculteurs la cartographie des parcelles, les variétés à produire et leurs caractéristiques, les risques de flux de pollen avec d’autres champs de tournesol, et nous discutons ensemble la répartition des ruches et leur nombre. Nous avons tous à y gagner. »

Poursuivre sur la qualité nectarifère des variétés

Parmi les axes de travail à approfondir et soulevés par la filière apicole : les variétés. « Nous constatons une baisse des qualités nectarifères du tournesol et du colza, indique Thomas Mollet, président de l’Itsap. Ces deux espèces représentaient la moitié du miel français, pour tomber aujourd’hui à 20 à 25 %. Nous demandons une visibilité plus importante du potentiel nectarifère des variétés. » Les discussions sont engagées avec Terre Inovia.