Les forums blé tendre mettent l’accent sur la logistique, la génétique et la fertilisation
Le | Cooperatives-negoces
À l’occasion de sa matinée dédiée à l’export, Intercéréales a donné la parole aux représentants des cinq forums blé tendre, pour lister les axes de développement et ainsi, permettre à la France de rester compétitive sur les marchés mondiaux. OS et responsables de silos portuaires ont notamment rappelé l’importance de la logistique, de la génétique et de la fertilisation.
Intercéréales organisait, le 15 mars, une matinée dédiée à l’export. L’objectif, tirer des enseignements sur les derniers mois chahutés pour les marchés mondiaux, et mettre en lumière les leviers d’action de la filière céréalière française. À cette occasion, Intercéréales a donné la parole à des intervenants issus des cinq forums blé tendre (1). Ces groupements, qui réunissent producteurs, collecteurs, meuniers, fabricants d’aliments du bétail et metteurs en marché, ont été créés après le lancement, en 2020, d’une étude sur l’adaptation de l’offre céréalière aux besoins des clients. Ce travail a été mené sur blé tendre, puis sur maïs. « Nous allons débuter l’étude pour le marché de l’orge » a confié Maxime Costilhes, directeur général d’Intercéréales.
Axéréal envisage de travailler avec d’autres acteurs pour améliorer la logistique
Présentée, l’année dernière, lors du premier forum blé tendre d’Océan Centre Ouest, l’initiative a permis de faire émerger des solutions concrètes. L’un des leviers permettant à la France de consolider ses marchés internationaux, voire d’en conquérir de nouveaux : une logistique à toute épreuve. « La capacité d’allotement, la régularité des approvisionnements et la fluidité sont essentielles », estime Frédéric Gond, administrateur d’Axéréal et président du forum blé tendre Centre Val-de-Loire.
Axéréal s’est rapprochée d’autres acteurs transportant du pondéreux dans son secteur, afin d’échanger des bonnes pratiques. Le conseil économique, social et environnemental de Centre-Val de Loire a dressé un état des lieux du fret ferroviaire, et a présenté, en janvier, 23 propositions concrètes pour redynamiser ce secteur. « Nous devons optimiser les chargements, ne pas faire circuler de trains à vide. Pourquoi ne pas créer un club des chargeurs ? », a détaillé Frédéric Gond à Référence agro.
OAD et prévisions pour connaître la qualité des futurs approvisionnements
Vincent Poudevigne, directeur du groupe Sica Atlantique, a pour sa part rappelé l’importance pour les silos de connaître la qualité de la marchandise au plus tôt. Lors de la dernière campagne, l’opérateur a interrogé les OS sur les variétés qui allaient être semées pour anticiper la logistique. Chez Sénalia aussi, l’anticipation de la collecte est importante. Depuis cinq ans, le silo portuaire a créé un OAD qui permet de cartographier la zone d’approvisionnement au moment de la moisson pour connaître au plus tôt les caractéristiques des blés (poids spécifique, protéines, variétés), avec une fiabilité comprise entre 80 et 86 %.
Génétique et fertilisation, des outils pour des blés protéinés
Car les participants de la table ronde l’ont répété : l’enjeu principal en termes d’exportation, c’est la protéine. « Les marchés de demain seront encore plus exigeants en taux de protéines, prévoit Benoît Méléard, responsable pôle qualité pour Arvalis. C’est déjà le cas pour l’Algérie, qui a rehaussé son cahier des charges. 11 % ne sera plus suffisant pour accéder à ce marché. » Or, la génétique permet d’améliorer les taux de protéines. « Nous nous sommes rendus compte que nous avions encore des efforts à faire en termes de variétés de blés », pointe Éric Grimonpont, responsable commercialisation de Seine Yonne, structure qui réunit 110 Bourgogne et Ynovae.
D’où la nécessité d’apporter une attention toute particulière sur les teneurs en protéines des variétés commercialisées par les OS. « Unéal dispose de 2000 micro parcelles en essais variétés, explique Nicolas Foissey, directeur céréales chez Unéal. Nos quatre variétés pour les semis 2024 sont en terre, en multiplication. Nous cherchons, bien sûr, de la rentabilité, mais nous allons aussi choisir des variétés qui sont au-dessus des moyennes en protéines pour être sûrs de satisfaire les besoins de tous nos clients. »
Des impasses en azote en 2022 ont dégradé la qualité des blés
Enfin, dernier levier pour assurer un grain riche en protéines : un apport réussi en azote. L’année dernière, face au coût prohibitif des engrais, certains agriculteurs ont fait l’impasse sur les derniers apports. « Des agriculteurs se sont retrouvés avec des parcelles à 8 ou 9 % de taux de protéines » se désole Nicolas Foissey. Pour optimiser les apports, Unéal développe le pilotage : sur 30 % de sa collecte, soit 45 000 ha. La coopérative mène également un partenariat avec Arvalis pour piloter les apports en fonction des conditions météorologiques.
(1) Océan Centre Ouest, Nord Seine Normandie, Saône Rhône, Centre Val de Loire, Sud Ouest