Limagrain émet des doutes sur l’impact du choix pour le conseil
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Limagrain a tenu une conférence de presse le jeudi 13 janvier, afin de présenter l’actualité de la coopérative de ces derniers mois. Les nouveaux président et directeur général sont ainsi revenus sur le choix du groupe pour le conseil. Ils ont également évoqué les investissements dans l’aval.
Le nouveau binôme à la tête de Limagrain s’est exprimé pour la première fois le jeudi 13 février. Sébastien Vidal, 45 ans, président depuis un mois, et Sébastien Chauffaut, 44 ans, directeur général depuis quatre mois sont notamment revenus sur le choix de Limagrain d’opter pour le conseil dans le cadre de la séparation vente/conseil.
Sébastien Vidal a confirmé les informations de Référence agro publiées le 3 janvier : l’intégralité de l’activité vente des phyto et des engrais de la coopérative a été transmise au négoce Proxiel, le 1er juillet 2021. Limagrain, qui détenait 35 % des parts de ce négoce, a réduit sa participation à 10 % conformément à la loi Egalim, Sanders détenant les 90 % restants. Si la coopérative n’a pas souhaité communiquer sur le montant de la transaction, Sébastien Vidal a révélé que le chiffre d’affaires de l’activité vente, avant la cession, se situait entre 15 et 16 M€, soit 7,5 % du chiffre d’affaires de la coopérative.
Le conseil stratégique développé avec la chambre d’agriculture
Le président de Limagrain a justifié le choix du conseil pour la coopérative : « Nous fonctionnons énormément en filières, pour la filière Jacquet, de la semence au pain de mie. Nous avons des variétés spécifiques développées chez Limagrain Europe pour avoir des caractéristiques et qualités industrielles particulières. Il nous semblait important d’accompagner les agriculteurs sur un volet technique dans les fermes plutôt que sur la vente de produits phytosanitaires. »
Concernant l’offre de conseils proposés par la coopérative, Sébastien Vidal a confié que le conseil stratégique, obligatoire, était organisé conjointement avec la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. « Nous proposons aussi le conseil spécifique sur l’utilisation des produits phytosanitaires, qui ne peut plus être fait par les OS ayant choisi la vente, a-t-il rappelé. Mais nous souhaitons aussi élargir le conseil à l’agronomie, au carbone, à l’agriculture de conservation des sols, au machinisme… Nous proposons un large catalogue. » Les anciens TC du groupe ont suivi des formations spécifiques en fonction de leurs prédispositions.
Des doutes sur les effets de la séparation vente/conseil
Pour autant, le président nouvellement élu de Limagrain a émis des doutes quant à leur stratégie d’opter pour le conseil : « Nous sommes en définitive très peu à avoir abandonné la vente, ce qui m’amène à me demander si c’était le bon choix. L’avenir nous le dira. En tout cas aujourd’hui ce choix est confirmé. Le gouvernement considère qu’il s’agit d’un levier pour atteindre une baisse de 50 % de produits phytosanitaires, mais je suis dubitatif sur les effets réels de cette loi. Je crois beaucoup plus à l’impact de la génétique qui, demain, devrait nous permettre de répondre à certaines problématiques. Mais ce n’est pas la contrainte qui fera changer le monde agricole. »
Limagrain, attentif aux stratégies des coopératives voisines
Les dirigeants de Limagrain ont également évoqué la demande émise récemment par Val’Limagne auprès du HCCA, d’étendre son secteur géographique au nord du Puy-de-Dôme : « Si l’extension de cette coopérative voisine porte sur la vente de produits phytosanitaires ou d’engrais, je n’ai pas à la commenter et ce n’est pas un problème, a indiqué Sébastien Vidal. Mais les producteurs ont des contrats de production agricole, et Limagrain ne restera pas insensible et saura se défendre si nous sommes attaqués sur nos métiers d’origine, la production de semences et la collecte de produits agricoles. »
Des investissements dans l’industrie agroalimentaire
Le groupe Limagrain poursuit son développement dans les activités industrielles. Sébastien Chauffaut a indiqué qu’un nouveau moulin de blé, d’un montant de 24 M€, était en cours de livraison sur le site agro-industriel de Limagrain situé sur les communes d’Ennezat et de Saint-Ignat. D’autre part, 37 M€ ont été investis dans deux nouvelles lignes de production à l’usine Jacquet de Saint-Beauzire, qui produit des pains à hamburger. « Nous avons également développé des innovations concernant les matières premières, a précisé le directeur général de Limagrain. La qualité de nos produits est améliorée, avec plus de fibres. Nous avons baissé les sucres dans nos gammes de burgers et de pains de mie. Cela permet d’améliorer le Nutri-Score et de répondre aux attentes des consommateurs. »
Les dirigeants se sont aussi exprimés sur Nutrinat, entreprise spécialisée dans la fabrication de produits transformés à base de céréales et légumineuses et à destination de l’alimentation humaine. Limagrain a pris une part à hauteur de 65 % dans la structure, située à Castelnaudary, et qui est également portée par la coopérative Qualisol. « Nutrinat représente 650 000 euros, mais nous n’apportons pas de volumes, ou des volumes insignifiants. Cette entreprise, encore à l’échelon start-up, est fournie par Qualisol. » Sébastien Vidal a indiqué qu’il n’était pas prévu pour le moment d’augmenter la capacité de cet outil, ou de fournir des matières premières issues de Limagrain : « Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Le jour où nous aurons réussi la production au champ, ce sera alors plus facile d’investir dans des outils industriels. Mais pour le moment, nous n’obtenons pas de résultats satisfaisants. La production de protéines végétales a baissé en France ces dernières décennies, et maintenant que les agriculteurs sont sollicités pour en produire à nouveau, on utilise des flux génétiques d’il y a 50 ans, quand le contexte pédoclimatique était différent. Notre métier de semencier aura tout son sens pour aller vers une amélioration génétique. »
Limagrain en chiffres :
- 4ème semencier mondial
- 1er semencier mondial non-agrochimiste
- Chiffre d’affaires du groupe (comprenant les sociétés dont les parts de Limagrain sont supérieures à 50 %) : 1 984 M€
- Chiffre d’affaires des partenariats stratégiques : 680 M€
- Chiffre d’affaires de la coopérative : 209 M€
- 9000 salariés du groupe
- 1500 agriculteurs adhérents