L’intelligence artificielle, trop puissante pour être ignorée des coopératives
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Optimisation des processus, prévision des risques, réduction des intrants… L’intelligence artificielle, IA, pourrait avoir de nombreux impacts sur la production agricole et agroalimentaire. Stéphane Marcel, qui pilote la stratégie digitale d’InVivo et dirige InVivo Digital Factory, nous explique les enjeux.
« Nous vivons aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle, la même excitation qu’il y a 20 ans, avec l’émergence d’internet », confie, enthousiaste, Stéphane Marcel. CDO (directeur de la transformation digitale) d’InVivo et directeur général d’aladin.farm, plateforme e-business agricole, il a été parmi les premiers à fonder une start-up agricole, en 2001 : Neotic, qui, à la suite de la fusion avec l’éditeur Ma Ferme, a donné naissance à Smag.
Aujourd’hui, les regards de l’ag-tech se portent sur l’intelligence artificielle et le potentiel qu’elle offre au monde agricole. « Grâce au digital, nous parlons de 3ème révolution de l’agriculture, après la chimie et la mécanisation. Mais avec l’arrivée de l’IA, nous entrons même dans une quatrième révolution », estime Stéphane Marcel. Au sein d’InVivo Digital Factory, il a fondé une Data Factory, qui travaille main dans la main avec le département innovation, constituée d’une quinzaine de postes, dédiée à l’élaboration de solutions s’appuyant sur les données, et notamment sur l’intelligence artificielle.
Une intelligence artificielle pour économiser l’énergie des malteries
L’un des projets les plus prometteurs vise à optimiser la consommation énergétique, en quantité mais aussi en termes de mix énergétique, des malteries du groupe InVivo, deuxième malteur mondial. La transformation de l’orge en malt dure environ neuf jours et nécessite d’importantes quantités d’énergie. « Nous avons développé et entraîné une intelligence artificielle, appelée Maïté (Malt Artificial Intelligence Technologies) qui est un générateur de recettes pour simuler les meilleures conditions de production du malt (température, hydrométrie, pression…), explique Stéphane Marcel. En la renseignant des données des 10 dernières années sur les processus de production tels que les variétés, le taux de transformation selon la météo, l’humidité, etc… cette IA élabore les recettes idéales utilisant la juste quantité d’énergie. » Maïté est en expérimentation sur deux sites, mais le but est de l’étendre aux 29 malteries du groupe. Une action bénéfique pour l’environnement avec un impact carbone qui pourrait se chiffrer en millions d’euros sur les seuls sites de production français.
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Prévoir les aléas climatiques et adapter la gestion du grain
Outre ce type de projet d’envergure, l’intelligence artificielle est aussi utilisée au quotidien par l’équipe de la Data Factory pour aider au codage informatique, accélérer les processus et libérer les data scientists des tâches les moins créatives.
Appliquée aux données e-business d’aladin.farm, par exemple, l’IA peut identifier des signaux faibles dans les comportements d’achats des agriculteurs ou des techniciens des OS. « L’objectif est de passer dans les entreprises d’un mode post-traumatique, qui consiste à constater les événements et à s’y adapter après coup, à un mode de prédiction des difficultés », pointe Stéphane Marcel. Ainsi, une intelligence artificielle pourrait anticiper les aléas et faire des préconisations à une coopérative céréalière pour la logistique et le séchage de ses grains.
Des IA dans tous les domaines d’activité
Amélioration des procédés industriels, optimisation des déplacements, du stockage ou encore économies d’énergie, l’IA comporte de nombreux leviers pour améliorer la performance des entreprises. Elle peut également optimiser et améliorer le travail des agriculteurs dans les parcelles, notamment pour les apports d’intrants, la gestion de l’irrigation, l’identification des risques maladies et ravageurs pour, au final, optimiser la prise de décision.
« L’IA a des cas d’application dans tous les domaines d’activité, estime Stéphane Marcel. Elle va devenir partie prenante de notre vie à la maison, de notre façon d’apprendre, de notre façon de travailler. Les coopératives doivent se saisir de ces enjeux. Ils sont trop puissants pour être ignorés. »