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InVivo et Kronenbourg lancent une filière orge responsable et traçée

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Kronenbourg et InVivo, à travers Soufflet Agriculture et Malteries Soufflet, ont officiellement lancé leur filière d’orge responsable et tracée, le 9 juin, à Lasson (Yonne). L’ambition est de passer de 45 à 250 agriculteurs en quatre ans, pour fournir, en 2026, 100 % du malt utilisé pour fabriquer la bière étendard du brasseur, la blonde 1664.

Agnès d’Anthonay, responsable du développement durable chez Kronenbourg ; Thierry Michaut (en bleu), - © D.R.
Agnès d’Anthonay, responsable du développement durable chez Kronenbourg ; Thierry Michaut (en bleu), - © D.R.

Partenaire majeur du premier brasseur de France depuis 40 ans, à qui il fournit la majorité de son malt, le groupe Soufflet, via ses divisions Agriculture et Malteries, désormais dans le giron d’InVivo, porte avec Kronenbourg une filière d’orge responsable et tracée. « Nous sommes très fiers de concrétiser ce projet, qui doit participer à l’atteinte de nos ambitions pour 2030, à savoir réduire de moitié notre empreinte carbone et d’avoir 80 % d’orge durable », explique Guillaume Couture, directeur de Malteries Soufflet, à l’occasion de la présentation de la filière, le 9 juin, à Lasson (Yonne).

Pour l’heure, 45 agriculteurs et 900 hectares sont engagés dans la démarche. L’objectif, pour 2026, est de passer la barre des 250 exploitants et des 5000 hectares. Kronenbourg porte sa propre ambition : si, dès 2023, la bière 1664 blonde du groupe devrait être brassée avec 20 % de malt issu de cette nouvelle filière, l’objectif est d’atteindre les 100 % en 2026.

Personnalisation de la certification environnementale 2

Le cahier des charges de la filière est le fruit de près d’un an et demi de travaux communs. « L’objectif pour nous était d’élaborer un cahier des charges permettant d’améliorer les pratiques culturales sans avoir d’impact sur la qualité technologique et gustative des orges », explique Philippe Vincent, directeur des filières au sein du groupe Soufflet. Concrètement, ce référentiel se base sur celui de la certification environnementale de niveau 2, auquel ont été ajoutées des modules complémentaires. « La HVE a un logo reconnu mais elle ne répondait pas à tous nos besoins, notamment en ce qui concerne l’empreinte carbone », justifie Edouard Renault, à la tête du département agronomie chez Malteries Soufflet.

Fertilisation azotée et carbone

Cet aménagement du référentiel de la certification environnementale concerne deux grands axes : la fertilisation azotée et l’empreinte carbone. «  Nous nous sommes beaucoup interrogés pour savoir s’il fallait instaurer des seuils, rappelle Philippe Vincent. Nous ne voulions pas menacer la qualité des orges, nous avons donc préféré aller dans le sens d’une optimisation de la fertilisation, en aidant les agriculteurs à appliquer la bonne dose au bon endroit. » Les exploitants engagés doivent ainsi réaliser des analyses de reliquats d’azote en sortie d’hiver. Ces derniers s’engagent également à installer des couverts multi-espèces pour favoriser la captation du carbone. La préservation de la biodiversité, via la bonne gestion des zones agroécologiques ou la mise en place d’assolements diversifiés, est également encouragée.

Une prime pour les exploitants

Pour accompagner les agriculteurs dans la mise en œuvre de ces pratiques, une prime leur est versée. Les responsables du projet n’ont cependant pas souhaité dévoiler son montant. Les contrats ont été mis en place facilement avec les agriculteurs. « On ne fait pas ça uniquement pour la rémunération supplémentaire, c’est aussi pour assurer la finalité de notre production et sécuriser nos débouchés », assure Thierry Michaut, agriculteur en polyculture élevage, chez qui la présentation avait lieu . De son côté, le groupe Kronenbourg indique que cela n’aura pas d’incidence sur le prix dans les rayons. « La transition a un coût, les industriels doivent le prendre en charge, sinon nous n’arriverons à rien », plaide Agnès d’Anthonay, responsable du développement durable chez Kronebourg.

Une démarche appelée à s’étendre

La première récolte de cette orge responsable et tracée sera également source d’enseignements pour les porteurs du projet. « Nous testons différents outils pour voir le meilleur moyen de rémunérer les efforts des agriculteurs pour réduire leur empreinte carbone, indique Philippe Vincent. S’il est possible demain de faire une orge bas carbone nous la valoriserons. » Pour Kronenbourg, cette initiative pourrait n’être qu’une première étape. « L’objectif est d’ouvrir la voie à d’autres filières, comme le blé, d’autres marques du groupe et même, plus globalement, à l’ensemble du secteur agricole, assure Agnès d’Anthonay, qui prévoit des annonces du groupe Carlsberg sur le sujet prochainement. C’est une démarche pilote pour l’ensemble du groupe. »

C’est la première filière orge responsable de masse. Nous ne sommes pas partis du produit mais des attentes du consommateur pour la construire et avoir l’assurance de débouchés. Nous espérons que ce dernier fera la différence entre une filière responsable de cette ampleur et une autre plus confidentielle. Les petites filières sont plus faciles à gérer mais ce ne sont pas elles qui vont faire la transition. Les filières privées peuvent créer du dialogue sur l’ensemble de la chaîne de valeur, en mettant en lien les agriculteurs et les malteries.

InVivo et Kronenbourg lancent une filière orge responsable et traçée - © D.R.
InVivo et Kronenbourg lancent une filière orge responsable et traçée - © D.R.

Elodie Colin-Petit

En charge des clients grands comptes chez Malteries Soufflet