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Moissons, tout devrait enfin s’accélérer

Le | Cooperatives-negoces

Une moisson d’été à peine commencée au 14 juillet, cela faisait plusieurs campagnes que nous n’avions pas connu un tel scénario. Il faut dire que cette année, l’été se fait attendre. Le retour du soleil et l’arrêt des pluies étant enfin d’actualité, les chantiers devraient s’accélérer. Le potentiel est là : la qualité aussi pour les parcelles déjà récoltées. Pour celles encore sur pied, rien n’est moins sûr. En revanche, bonne nouvelle : les cultures de printemps sont en pleine forme ! Premiers échos chez Val de Gascogne, Terre Atlantique, Agora, Valfrance, Dijon Céréales et la Cal.

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer

Alors que le soleil était enfin de retour dans l’Ouest de la France, les 14 et 15 juillet, plusieurs départements du Nord et de l’Est ont subi des pluies diluviennes. Là-bas, l’heure n’est pas à la moisson mais au bilan des dégâts. La récolte des orges avait à peine débuté et l’inquiétude est réelle pour les parcelles inondées. Partout dans l’hexagone, la moisson a pris du retard : un retard à relativiser par rapport à l’extrême précocité des deux dernières campagnes. Pour l’heure, les quintaux sont au rendez-vous, la qualité également. Parmi les inquiétudes relevées : quelques blés durs et pois germés, des PS en baisse et une incertitude, encore, sur la météo pour les semaines à venir.

 

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.

Val de Gascogne (32) - Denis Mousteau, directeur commercialisation collecte

« 40 % des céréales récoltées »

« Le 13 juillet, au global, 40 % de la collecte était réalisée. Pour les colzas, tout est quasi terminé : les rendements sont bons, entre 30 et 35 q/ha de moyenne. La récolte des blés durs, des orges d’hiver et des blés améliorants est plus avancée que celle des blés meuniers. Les rendements sont, pour l’heure, moyens, compris entre 50 et 55 q/ha. En revanche, la qualité est au rendez-vous. Seuls quelques blés durs affichent des temps de chute de Hagberg en recul mais rien d’alarmant. Le planning enregistre entre 10 et 15 jours de retard. Le timing n’est pas là. Nous attendons avec impatience le retour du beau temps. Point positif : les cultures de printemps sont luxuriantes. La floraison des maïs est atteinte, sans avoir eu besoin d’irriguer ! »

 

Agora (60) - Thomas Taldir, responsable céréales

« Inquiétude pour la qualité des blés, des colzas et des pois »

« La récolte a vraiment débuté le week-end du 10 juillet, pour s’arrêter dès le 12 avec le retour des pluies. À peine 20 % des orges sont récoltées, essentiellement des escourgeons fourragers. Les rendements oscillent entre 75 et 90 q/ha. La moyenne devrait se situer à 84 q/ha. Un bon résultat. La qualité se maintient avec des humidités certes un peu justes mais des calibrages et des taux de protéines corrects. Pour ce qui est encore sur pied, nous allons regarder de près la germination : surtout pour les orges fourragères. La moisson des colzas et des blés n’a pas débuté : pas avant le 20 juillet désormais. Les sols sont gorgés d’eau. Pour les blés, nous partions d’un très haut potentiel de rendement, quels que soient les sols. Ce qui m’inquiète désormais, c’est la qualité des colzas et des pois, notamment pour les parcelles fragilisées par le gel du printemps. »

 

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.

Valfrance (60) - Hugues Desmet, responsable collecte

« Les cultures de printemps sont très belles »

« La moisson n’a débuté que pour les orges mais au final, les blés et colzas n’étaient pas totalement mûrs. Là, nous revenons à des dates « normales » après deux campagnes très précoces. Les orges d’hiver, brassicoles et fourragères, sont récoltées à 70 %. Les rendements sont plutôt bons, aux alentours de 82 q/ha, voire plus ! La qualité se maintient avec des PS à 63, des taux de protéines légèrement supérieurs à 10. La pluie de ces dernières semaines devrait faire reculer les PS. Désormais, il est urgent que la pluie cesse mais pour l’heure, aucune crainte pour l’aspect qualitatif des parcelles encore sur pied. Les cultures de printemps sont très belles. L’eau leur a fait du bien ! »

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.

 

Terre Atlantique (17) - Christian Cordonnier, directeur général

« Des rendements bons à très bons en colza »

« La première vraie journée de moisson a lieu le 11 juillet, de 14h à tard dans la nuit, avant le retour des pluies ! Quelques parcelles ont pu être récoltées, entre les gouttes, depuis le 15 juin mais le retard est important, de 15 jours environ. Les orges sont moissonnées à 80 % et les colzas, à près de 70 %. Les rendements des colzas sont bons, voire très bons, avec une moyenne autour des 35 q/ha. Pour les orges d’hiver, qualité et rendement sont corrects. En blé, seules 15 % des parcelles sont récoltées. À ce stade, le taux de protéines est bon, les PS également. Nous craignons quelques cas de germination mais le retour annoncé d’un temps sec devrait préserver la qualité. Pour les blés durs, la situation est plus délicate avec déjà quelques cas de germination ou pré-germination. Pour les pois, aucun souci pour le moment. »

Lire aussi : FranceAgriMer prévoit une production des céréales en hausse

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.

La Cal (54) - Philippe Hance, responsable chaîne logistique service céréales

« De bons rendements en orges »

« Seuls 10 % des orges d’hiver sont moissonnées, mais les premiers rendements sont bons, de l’ordre de 70 q/ha, mieux que les cinq dernières années. Nous ne savons pas encore si le blé risque de germer, mais nous restons optimistes, puisqu’ils n’étaient pas mûrs. Si la pluie s’arrête bel et bien, la majorité de nos volumes devrait être préservée, avec un bon niveau de qualité. En revanche, le gel d’avril a retardé la levée des tournesols, et avec la pluie et les températures basses, ils n’ont pas pris d’avance ! Ils sont superbes en ce moment, mais avec les faibles rendements de ces deux dernières années, il y a beaucoup de reliquats azotés : la récolte risque d’être tardive. Or l’hiver revient très vite en Lorraine ! »

 

Dijon Céréales (21) - Didier Quintard, responsable communication

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
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« La météo nous oblige à adapter les horaires des équipes »

« Ce 15 juillet, nous avons récolté environ 70 000 tonnes uniquement en escourgeons et orges d’hiver, soit 16 % de notre collecte d’été dont le prévisionnel est bon. Malgré quelques déceptions, les rendements sont relativement homogènes jusqu’ici, globalement légèrement supérieurs aux années précédentes avec une bonne qualité. Les taux de protéines sont dans les normes brassicoles et les calibrages sont bons. Après la pluie qui nous bloque depuis le 12 juillet, nous espérons, à compter du 17 juillet, une belle fenêtre de tir pour notamment lancer les blés. La météo demeure incertaine jusqu’à la fin du mois. C’est pourquoi nous nous organisons pour que ces beaux jours, qui s’annoncent intenses, soient efficaces en adaptant les horaires avec nos équipes qui sont très mobilisées. »

 

Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.
Moissons, tout devrait enfin s’accélérer - © D.R.

Terre Comtoise (25) - Clément Tisserand, président

« Notre première difficulté risque d’être la portance des sols »

« La récolte des orges est avancée à 80 %, et dans le Jura, qui est notre zone de récolte la plus au sud, les colzas sont quasiment terminés, avec des rendements moyens allant de 25 à 35 q/ha, avec une bonne qualité. Concernant les blés, dont la récolte a également débuté dans le Jura, il y a un risque important de germination, puisque l’humidité était élevée. Dans d’autres zones, le risque n’est pas la germination, mais la fusariose, car la floraison s’est faite sous la pluie. Il faut attendre la reprise de la moisson, d’ici le 17 ou le 18 juillet, pour faire les premières mesures. La portance dans les parcelles risque d’être un frein pour redémarrer les chantiers. »

Anne Gilet et Elena Blum