Nicolas Laigle, Agrial, « nous n’accepterons pas les hausses de prix affichées sur les phytosanitaires »
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La guerre en Ukraine et la crise sanitaire de la Covid 19 chamboulent le marché des approvisionnements. Les distributeurs sont amenés à changer de stratégie pour couvrir les besoins des agriculteurs pour 2022 et 2023, voire à revoir leur partenariat avec les fournisseurs. Témoignage de Nicolas Laigle, directeur de la coopérative Agrial.
Référence agro : Quelle est la situation actuelle au niveau de vos disponibilités en intrants ?
Nicolas Laigle : Pour le printemps 2022, Agrial a pris les devants nécessaires en phytosanitaires, semences et engrais. Aucune inquiétude pour nos adhérents : tous les besoins ont été couverts. Sachant que nous avions de la disponibilité, nous avons été sollicités par de nombreux agriculteurs mais nous avons d’abord privilégié ceux qui nous sont fidèles. Quand nous avons perçu l’inflation galopante en 2021, tous les techniciens sont allés voir les adhérents pour qu’ils prennent position. Nous avons réussi à avoir 80 % des besoins en engrais des adhérents pour 2022, dès septembre 2021. Notre puissance financière nous a clairement aidés.
R.A. : Comment s’annonce 2023 ?
N.L. : Cela va être plus compliqué. En semences, nous sommes rassurés par la position de la France de se concentrer sur le marché français et européen, et de moins exporter vers les pays de l’Est. Nous devrions avoir les produits voulus, sur toutes les gammes.
Du côté des phytosanitaires, cela devrait plutôt bien se passer en matière de disponibilité, même si le ralenti du marché chinois pourrait engendrer quelques ruptures d’approvisionnement. Pour les éviter, nous allons anticiper tous les achats avant la fin de l’année, alors qu’habituellement nous commandions la moitié des volumes en début d’année. Le souci est surtout la hausse des prix que veulent nous imposer les firmes, de l’ordre de 10 % en moyenne. Il y a une part de spéculation, et les discussions avec nos fournisseurs sont particulièrement tendues cette année. Nous sommes en cours de négociation et nous ferons tout pour éviter cette hausse. Nous ne l’acceptons pas.
R.A. : Et sur les engrais ?
N.L. : Agrial a renoncé à s’approvisionner avec des engrais qui viennent de Russie, qui était un gros pourvoyeur d’ammonitrate 27, comme le propose par exemple Eurochem. Nous allons partir sur de l’ammonitrate 33,5 européen et français, et de l’urée du bassin méditerranéen. Nous sommes en fort développement de l’urée protégée que nous fabriquons sur nos sites de Caen et Nantes.