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« Nous représentons 58 % du marché du commerce équitable », Ludovic Brindejonc, directeur Agri-Éthique

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Agri Éthique est le premier label de commerce équitable français. La poignée d’agriculteurs qui a adhéré à ce projet en 2013 s’est transformé en plusieurs milliers d’acteurs sur l’ensemble du territoire. Tout en conservant ses valeurs. Entretien avec Ludovic Brindejonc, directeur d’Agri-Éthique.

Référence environnement : Où en êtes-vous du développement Agri-Éthique ?

Ludovic Brindejonc : Cela reste encore nouveau, mais c’est en fort développement. Que de chemin parcouru depuis 2013 ! Nous représentons désormais 58 % des ventes de produits issus du commerce équitable en France, avec, en 2018, 1 290 producteurs et une hausse de 45 % du chiffres d’affaires des produits labellisés commerce équitable origine France, qui s’établit à 252,4 millions d’euros. Nos partenaires développent les marchés pour répondre à une prise de conscience des consommateurs.

Pour l’heure, Agri-Éthique concerne le blé tendre, le sarrasin, les œufs, la viande et le lait avec des coopératives d’Alpes du Sud. Le tout sur trois engagements forts : garantir un revenu aux agriculteurs français, préserver l’emploi local, soutenir les pratiques sociétales et environnementales responsables. D’autres secteurs sont en passe de nous rejoindre : nous sommes dans un processus d’éligibilité de filières, avec des marchés de niches auxquels nous ne pensions pas. Mais je ne peux pas vous en dire plus…

R.E. : Justement, comment allez-vous développer le label ?

L.B. : En 2020, nous souhaitons renforcer nos engagements en faveur de l’environnement et des territoires à deux niveaux. D’une part, sur les exigences environnementales, mais aussi en matière de bien-être animal dans nos standards et dans nos cahiers des charges de production. D’autre part, via une prise en compte accrue des enjeux agroécologiques dans les actions portées par les fonds collectifs abondés par chaque filière Agri-Éthique. Ces actions collaboratives doivent inciter les agriculteurs à aller vers des pratiques plus vertueuses, en développant l’agroforesterie, la haute valeur environnementale, le bien-être animal, etc.

Bien sûr, nos actions porteront toujours sur l’accompagnement de nos partenaires dès l’amont pour structurer les filières.

R.E. : Quels sont les points fondamentaux pour réussir un bon contrat en commerce équitable ?

L.B. : Le socle de l’entente reste d’abord la construction du prix. Nous devons réunir tous les acteurs et se mettre d’accord sur les coûts de production. Ce qui n’est pas une tâche aisée, car parfois les parties prenantes se connaissent peu. Ensuite, nous voulons impérativement des engagements forts, notamment en termes de volumes et d’implication des équipes. Nous refusons les structures qui seraient juste tentées par le fait de tester le modèle. Notre objectif est d’apporter un complément de revenu significatif à l’agriculteur sur une durée de trois ans minimum et ne pas communiquer uniquement sur un prix marketing de façade, sans engagement de volume…