Proximité et confiance, deux critères mis en avant par les agriculteurs pour choisir leur conseiller
Le | Cooperatives-negoces
Le 6 avril, l’Académie d’agriculture tenait sa séance hebdomadaire, dédiée cette fois-ci au conseil agricole. Le bilan d’une enquête, présenté lors de ces échanges, révèle que les techniciens des coopératives et négoces restent la principale source de conseils pour les agriculteurs. Et ce, malgré la mise en place de la séparation du conseil et de la vente. Ce qui fait la différence ? La proximité et la confiance.
Hubert Defrancq, membre correspondant de l’académie d’agriculture de France a présenté
menée, en janvier et février 2022, auprès d’une vingtaine d’agriculteurs. « Cette analyse qualitative avait pour but de préciser la perception qu’ont les agriculteurs du conseil et de leurs conseillers. Premier constat : beaucoup d’exploitants évoquent le besoin de faire appel à plusieurs sources pour recouper les données avec leurs propres expériences et connaissances. Les BSV sont connus et consultés, notamment pour piloter les interventions à court terme. Autre fait marquant : les techniciens des coopératives et négoces sont encore, souvent, la principale source de conseil. Alors que les Chambres d’agriculture sont essentiellement utilisées pour les aspects administratifs (Certiphyto, déclaration Pac, plans de fumure…), les Ceta sont quant à eux retenus par les grandes structures tandis que les conseillers indépendants restent, pour le panel interrogé, peu connus. »De l’accompagnement mais pas de connivence
Alors que la mise en place de la séparation du conseil et de la vente des phytos a redessiné la mise en place du conseil au sein des exploitations, les agriculteurs disent apprécier l’absence d’intérêt, dans la vente des produits, des Ceta, Chambres, instituts et conseillers indépendants. Et ce, pour avoir une transparence dans les recommandations.
« Toutefois, les agriculteurs font avant tout confiance à leur conseiller de coopérative ou négoce qu’ils savent professionnel et engagé, poursuit-il. Sans préjuger de la qualité du service rendu, cela renforce l’importance accordée à la confiance de son conseiller. » Gros bémol toutefois : « il est quasi systématiquement exprimé une inquiétude, ou un reproche, sur le décalage possible entre l’intérêt de l’agriculteur et celui de la coopérative ou du négoce sur le volume conseillé et le choix des produits par rapport au besoin à un instant t. » Ce que l’agriculteur souhaite : de l’accompagnement mais pas de connivence.
Conseil stratégique : améliorer aussi la formation des agriculteurs
Les enjeux du conseil stratégique, pour réduire la consommation de produits phytos, ne sont, sauf exception, pas clairement perçus par les agriculteurs. « Sans compter que les compétences nécessaires pour y parvenir ne sont pas forcément maîtrisées par les conseillers en place, précise Hubert Defrancq. Pour tirer profit des conseils fournis, il y a un réel enjeu de formations des techniciens mais aussi des agriculteurs, pour améliorer l’autonomie de prise de décision. Le rôle du conseiller se situe davantage dans l’aide aux arbitrages que dans la diffusion brute des connaissances qui, elle, est de plus en plus assurée par des OAD ou des bulletins d’informations. » En conclusion, si la séparation du conseil et de la vente est plutôt bien perçue par les agriculteurs interrogés, ils ne savent pas forcément toujours où trouver les bons relais d’informations.