Référence agro

Ceta de France ambitionne de réaliser le conseil stratégique de ses 34 000 adhérents

Le | Politique

L’association Ceta de France réunit les principaux centres d’études techniques agricoles (Ceta). Pour son président, Romain Cintrat, l’objectif de ces structures est de réaliser le conseil stratégique des 34 000 agriculteurs y adhérant, sans pour autant cannibaliser leur fonctionnement. Entretien.

Romain Cintrat, président de Ceta de France. - © D.R.
Romain Cintrat, président de Ceta de France. - © D.R.

Référence agro : Comment abordez-vous l’instauration du conseil stratégique, au sein des Ceta ?

Romain Cintrat  : Notre souhait est de proposer le conseil stratégique à l’ensemble des 34 000 adhérents de nos Ceta. À ce jour, nous n’ambitionnons pas de faire de prestation à d’autres agriculteurs non adhérents, mais restons ouverts à toute éventualité. Il nous faut déjà bien prendre la mesure de la tâche au sein de notre réseau. Nous avons travaillé une grille de travail commune, grâce à un groupe de travail dédié, composé de quatre de nos ingénieurs. C’est du temps de gagné. Nous envisageons de proposer des travaux collectif, pour rationaliser les agendas. Mais même ainsi, le conseil stratégique reviendra, a priori, à une petite journée de travail par agriculteur. Cela reste une hypothèse à valider, mais nous serons pragmatiques : nos équipes sont limitées à 102 techniciens… s’il faut recruter pour répondre à toutes les demandes, nous réfléchirons à répercuter une partie des coûts sur les adhésions (1). Nous ne pouvons pas délaisser nos autres activités, par exemple les essais : il faut intégrer le conseil stratégique, sans se faire totalement absorber par cette nouveauté.

Concrètement, où en êtes-vous dans le lancement du dispositif ?

R.C. : Les organismes de certification ont validé notre grille d’audit à l’automne 2021. Nous avons communiqué auprès de nos adhérents, pour qu’ils initient leur conseil stratégique dans les temps, selon la date d’expiration de leur certiphyto. Les premières sessions vont commencer. Il faut laisser passer 2022 pour se faire une idée précise de notre capacité à répondre à la demande. Reste aussi à voir si cette demande va augmenter. Au départ, nous avions envisagé le conseil stratégique comme une opportunité d’attirer de nouveaux adhérents. Il y a certes quelques demandes, mais c’est trop tôt pour entrevoir une « dynamique ». Nous nous demandons si, au fond, le fonctionnement des distributeurs a réellement changé entre 2019 et 2022. Peut-être les agriculteurs continuent-ils à trouver auprès de leur coopérative ou négoce une forme de conseil, même s’il est formalisé différemment.

Quel est votre regard, justement, sur l’échiquier en mouvement du conseil agricole, et quelle place y voyez-vous pour les Ceta ?

R.C. : Parmi les acteurs qui doivent porter le conseil stratégique, nous revendiquons une indépendance à la fois sur le plan économique, dans le sens où nous ne vendons pas d’intrants, mais aussi sur le plan politique. Ce n’est pas une critique, mais d’autres structures de conseil, par exemple les chambres ou les Geda, qui y sont adossés, n’ont pas cette indépendance. Les Cerfrance ont des ressources plus importantes, et une approche plus économique, mais moins technique que nous. Au fond, nous sommes plutôt complémentaires

Quels sont vos principaux atouts dans cette mission ?

R.C. : Chronologiquement, une fois l’association créée et opérationnelle, c’est le premier dossier sur lequel nous avons travaillé, en 2019. Ceta de France a tenu à participer à la fin du tour de table de la DGAL avec les acteurs de la profession. Nous sommes arrivés tardivement, mais nous avons pu défendre nos spécificités. L’expertise et le conseil sont la raison d’être historique des Ceta, afin de construire des itinéraires technico-économiques pertinents pour les agriculteurs. Nous sommes à la fois armés techniquement, mais aussi de plus en plus sur l’environnement général économique de l’exploitation, par la biais des calculs de coûts de chantier et des marges semi-nette.

(1) L’adhésion à un Ceta revient entre 6 et 12 €/ha, en fonction des prestations proposées. Selon Romain Cintrat, l’ensemble des Ceta proposent une gamme de service très similaire, les particularités représentant 15 à 20 % de leur offre.