Rencontre avec Aline Gasser, directrice générale de la CAPL (84) - Ancrage territorial et diversification

La Coopérative Agricole Provence-Languedoc est historiquement une coopérative d’approvisionnement, et depuis 2007 également une coopérative de collecte. Dans une région aux cultures très variées, elle développe une politique de diversification et de différenciation centrée sur l’environnement et ne se refuse pas à fédérer les coopératives locales qui restent nombreuses sur la région. Rencontre avec Aline Gasser, l’une des rares femmes directrice générale en distribution agricole.

Reference-appro.com : Comment abordez-vous la baisse des marchés traditionnels de l’appro ?

Aline Gasser : La région Provence-Languedoc est en crise, avec un nombre d’exploitants en baisse, et une forte sensibilité aux conditions climatiques. La santé végétale est elle aussi en déclin. Je pense notamment au marché des anti mildiou vigne. Nous entendons bien-sûr rester très performants dans nos métiers traditionnels, tout en développant d’autres activités qui répondent à l’ensemble des besoins de nos adhérents, pour les accompagner vers une production plus durable. Nous avons une démarche affirmée en solutions pour l’agriculture raisonnée ou pour les cultures biologiques. Un ingénieur a été embauché ce printemps pour développer le département lutte intégrée, avec un objectif à deux ans d’un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros. Une gamme d’engrais organiques est mise en place avec Frayssinet.

Propos recueillis par Catherine Deger

Le département irrigation progresse sensiblement, dans une logique de gestion responsable de l’eau. Dans ce même esprit, plus de mille agriculteurs ont été formés au Certiphyto en 2010 par la CAPL. Sur le marché vigne, nous misons sur Ecovigne.

En aval, nous avons créé un département matières sèches, pris une participation dans une unité mobile de mise en bouteille. ..

L’activité jardinerie, présente sur tous nos sites, est également un axe de diversification important dans notre région. Dans un marché à maturité, nous jouons la carte de l’expertise professionnelle.

Toutes ces activités sont certes périphériques, mais elles doivent permettre de maintenir, voire d’augmenter notre chiffre d’affaires.

La période est aux regroupements. Etes-vous tentée de rejoindre d’autres coopératives ?

A.G. : Je crains les géants aux pieds d’argile. Nos perspectives de développement se situent sur notre territoire, aux travers de partenariats ou de rapprochement, dès lors qu’il y a continuité géographique. Nous avons ainsi fusionné avec la Coopérative agricole de Berre l’Etang et avec celle de Sorgues, en 2010,ce qui a permis la création de trois dépôts supplémentaires. Dans le cadre de nos accords avec la coopérative de Bollène-Barjac, nous avons ouvert un 54^e site le 1^er janvier 2011 à Barjac et nous réalisons les appros pour ses adhérents depuis le 1^er juillet. Il reste encore beaucoup de coopératives de village. Nous essayons d’utiliser toutes les synergies possibles avec elles.

Quels sont les principaux défis auxquels vous aurez à faire face dans les années à venir ?

A.G. : La concurrence déloyale avec les pays frontaliers, et notamment l’Espagne. Nous ne jouons pas à armes égales, que ce soit en termes de contraintes réglementaires ou de coût de production. La question est de savoir si notre région sera encore considérée dans les grandes stratégies parisienne ou européenne comme une région de production agricole ou de vacances !

Les chiffres clés  :

CA 2010 : 68,9 millions d’euros

Dont fertilisation 15,4 (- 1 %) ; santé végétale, 23,6 (- 12 %) ; agro-équipement, 10, 2 (+ 14 %) ; semences et plants, 1,8 (- 16 %) ; Ecovigne, 2,8 (+ 11 %).

Viticulture, 55 % ; arboriculture 25 % ; cultures légumières, 10 % ; grandes cultures : 10 %.

Collecte de céréales, 15 000 tonnes

LISA PL SARL : 9,2 millions d’euros.

Président : Jacques Hilaire (en remplacement de Francis Audema depuis juillet 2011 - voir notre précédente lettre).

Direction générale : Aline Gasser

Directeur commercial : Georges Morin