Solutions régionales : les distributeurs de l’Est agissent face à la crise
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Après le temps du constat, vient celui des prises de décisions. A l'occasion de la Foire de Châlons-en-Champagne qui s'est tenue du 25 août au 5 septembre, les distributeurs de l'Est ont fait part des conséquences de cette campagne catastrophique pour leurs structures et leurs agriculteurs, et ont présenté les mesures qui seront mises en œuvre. Pour tous, l'objectif est clair : valoriser au mieux la présente collecte et mettre toutes les chances de leurs côtés pour la récolte 2017. Faute de volumes, les coûts de fonctionnement seront plus difficiles à amortir. Le point chez Soufflet Agriculture (10), Acolyance (51) et Vivescia (51).
Soufflet Agriculture : tous les maillons de la chaîne sont impactés
Didier Thierry, directeur général de Soufflet Agriculture chiffre la baisse de la collecte de son négoce entre 30 et 40 %. Dans certaines régions de Champagne, les rendements de blé sont divisés par deux par rapport à l'an passé. Pour les agriculteurs, cela représente une perte de 500 à 700 €/ha selon les secteurs. Chaque maillon de la chaîne est impacté. « On s'attend à une baisse des commandes d'intrants, même s'il ne faut pas entamer le potentiel de la prochaine moisson, indique le directeur général. Au niveau du négoce international, les très faibles volumes disponibles vont réduire l'activité de nos silos portuaires. » En meunerie, le groupe aura recours à différentes origines pour combler les volumes manquants. « Nous avons engagé avec nos brasseurs un travail de révision des cahiers des charges pour s'adapter aux problèmes de qualité et de quantité », souligne-t-il.
Acolyance : se porter garant auprès des banques
Du côté d'Acolyance, la collecte enregistre une baisse de 40 %, passant ainsi de 1,4 Mt à 900 000 tonnes. La coopérative évalue à 500 €/ha en moyenne la perte pour l'agriculteur. « Malgré les mauvais PS, nous avons des taux de protéine à près de 13 % pour nos blés, qui sont fonctionnels pour la meunerie », assure Pascal Bailleul, le directeur général. La coopérative a revu son budget pour les années à venir et vise un résultat à l'équilibre pour l'exercice 2016/2017, tout en reversant le maximum aux agriculteurs. « Notre métier n'est pas de rembourser les 500 €/ha perdus par les agriculteurs. Notre rôle de coopérative est de nous porter garant auprès des banquiers et de leur garantir que tout est mis en œuvre par les agriculteurs sur le plan agronomique pour bien préparer la prochaine récolte ». La coopérative accompagne d'ailleurs ses adhérents pour l'achat d'intrants. Depuis plusieurs années, des avances sont disponibles dès le mois de juillet.
Vivescia : reverser l'ensemble du résultat aux agriculteurs
La collecte de Vivescia recule de 35 % sur cette campagne. « C'est plus que ce à quoi nous nous attendions », témoigne Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles chez Vivescia. La baisse est plus marquée pour le blé (- 40 %) que pour le colza ( - 20 %). En entrée de silo, 60 % des orges d'hiver ne satisfaisaient pas les exigences de calibrage et le taux de protéine était élevé (12 %). « Depuis trois semaines nous revoyons les process de calibrage avec nos industriels pour nous adapter à ces qualités inhabituelles », indique Jean-Olivier Lhuissier.
L'incidence directe de cette récolte : la perte de trésorerie pour les agriculteurs. Elle est comprise entre 250 et 500 €/ha, soit un à deux ans de résultats selon les régions. Vivescia a donc adopté mercredi 31 août en conseil d'administration une série de mesures. Au-delà du report des échéances pour encourager l'achat d'appro, la coopérative va procéder à des remises commerciales sur certains services comme les outils d'aide à la décision (OAD). « Une analyse de fertilisation est une solution efficace pour réduire les charges », rappelle Jean-Olivier Lhuissier. Le groupe s'est engagé à verser l'ensemble du résultat net distribuable de l'exercice 2015/2016 aux agriculteurs. La coopérative va aussi réduire ses charges. « Nous allons accentuer la fermeture des silos de collecte qui ne sont pas expéditeurs durant l'hiver et une fois la collecte de maïs terminée », indique Jean-Olivier Lhuissier.