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Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent

Le | Cooperatives-negoces

Pari réussi pour le Sommet de l’élevage qui a réuni 93 000 visiteurs du 5 au 8 octobre à Cournon. Dans un contexte économique difficile, où les prix des intrants flambent mais pas celui de la viande, les distributeurs ont affirmé leur présence et leurs solutions pour accompagner les éleveurs. Du bouclier tarifaire à l’investissement industriel, tous les leviers sont actionnés.

Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent
Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent

Contents de se retrouver malgré tout. Alors que le Sommet de l’élevage se tenait pour la première fois sur quatre jours du 5 au 8 octobre à Cournon, la journée d’ouverture laissait un goût de trop peu avec 14 000 visiteurs. Les journées suivantes ont tenu leurs promesses, renouant avec la fréquentation des éditions passées et les 30 à 35 000 visiteurs par jour, pour un total de 93 000. Face à l’envolée des prix des intrants, aux problèmes d’approvisionnement et au prix bas de la viande de boucherie, les distributeurs étaient là pour rassurer et répondre aux inquiétudes des éleveurs.

Tamponner la flambée des prix des intrants

« Nous n’avons pas attendu pour tamponner la flambée des matières premières », annonce Thierry Bousseau, chargé de communication chez Altitude. La coopérative du Grand Massif Central a bloqué le prix de l’alimentation animale sur trois mois, afin de « lisser au maximum le surcoût ». Même action chez Océalia qui propose aussi une « période tampon » de trois à quatre mois selon les produits. Pour Patrick Fauconnier, responsable commercial nutrition animale au sein du groupe Oxyane, l’important est « d’expliquer le contexte des matières premières et d’adapter au mieux les programmes de nutrition ».

Alternatives alimentaires et process innovants

Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent - © D.R.
Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent - © D.R.

« Une période tampon de 3 ou 4 mois selon les produits » Stéphane Ducher, Océalia

« Nous innovons au niveau des process de formulation des aliments du bétail afin d’optimiser le surcoût pour l’éleveur », complète Stéphane Ducher, directeur marketing pôle élevage d’Océalia. Du côté d’Axéréal élevage, « les équipes formulation sont plus que jamais sur le pont pour trouver des alternatives afin de réguler les prix de l’alimentation animale », explique Karine Teyssot, chargée de missions communication et marketing. La pénurie actuelle de soja standard non OGM pousse de nombreux distributeurs vers le soja français, ce qui tend le marché. « Nous observons quelques difficultés à obtenir de l’urée alimentaire », ajoute Stéphane Ducher. Tous confirment les difficultés et les inquiétudes sur l’approvisionnement en phytos et en engrais.

Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent - © D.R.
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« Stabiliser le fonctionnement de nos outils industriels » Xavier Bel et Thierry Bousseau (de g. à d.), Altitude

À moyen terme ,sur l’alimentation, Altitude travaille sur un programme d’engraissement de génisses à l’herbe afin de diminuer les coûts de la ration tout en augmentant l’efficience protéique des élevages. « C’est un programme de recherche et développement qui doit nous permettre de réapprendre à mieux gérer l’herbe, explique Xavier Bel, directeur des productions animales. Si nous ne le faisons pas dans le Massif Central, personne ne le fera ailleurs ! » La coopérative a aussi investi dans des lignes de production de steaks hachés de races à viande, afin « de contrôler la valeur ajoutée jusqu’au bout » et sur l’ensemble de la carcasse.

Investir sur la protéine

De son côté, l’Ucal prépare son usine de trituration de graines de tournesol pour 2022. « La mise en route est prévue pour le printemps 2022, éclaire Delphine Blochet, responsable communication. Nous produirons de l’huile et des tourteaux utilisables en agriculture biologique. L’usine produira 4 tonnes par heure, en deux fois huit, et ce, 350 jours par an, soit une production annuelle attendue de 30 000 tonnes. »

Pour tous, la production de protéines françaises est évidemment un enjeu phare. Mais les deux dernières campagnes ne servent pas à fédérer les producteurs. « Il faut que la troisième soit bonne », résume François Clément, directeur communication adhérents Limagrain. En tant que producteur, Stéphane Bourdarias, vice-président de Capel, appuie : « nous ne sommes pas habitués à la culture de protéagineux dans le Massif Central. Il faut y aller mais c’est une nouvelle façon de produire. »

Sommet : face à l’inquiétude des éleveurs, les distributeurs se mobilisent - © D.R.
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« Pour motiver les adhérents à produire des protéines, il faut que la troisième campagne soit bonne » - François Clément, Limagrain

Tension sur tous les métiers

Tous étaient contents de se retrouver, mais tous sont aussi inquiets quant aux métiers de la distribution. « Il y a une tension générale sur tous les métiers, un manque de formation pour les techniciens, explique Xavier Bel. Et l’attractivité du territoire fait défaut pour les cadres. » Et ce, même en jardinerie. « Nous sommes obligés de freiner l’activité motoculture car nous n’arrivons pas à recruter, alors que la crise sanitaire avait plutôt été bénéfique pour ce secteur », complète Delphine Blochet. Qu’il s’agisse de compétences, de pièces, d’engrais ou de phytos, l’appro préoccupe la distribution.