Sur le terrain, l’arrêt annoncé du CSP pose question
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L’annonce, par le Gouvernement le 12 février, de la suppression du conseil stratégique phytosanitaire dans sa forme actuelle, a jeté un vent d’incertitude dans les structures qui le réalisaient déjà ou avaient prévu de le faire. Conseillers indépendants, chambres d’agriculture, certificateurs, coopérative sont dans le flou ! Tous attendent des précisions.
Alors que le gouvernement Attal a, le 12 février, abrogé le conseil stratégique phytosanitaire, CSP, dans sa forme actuelle, les conseillers qui le délivraient sont désormais dans l’incertitude. Éric Neveu, conseiller indépendant en Nouvelle Aquitaine, explique : « Nous n’avons eu aucune information, nous avons appris la fin du conseil stratégique par la presse. J’ai contacté la Draaf et le service régional de l’alimentation, qui m’ont dit de continuer à délivrer le CSP dans l’attente de nouvelles informations. Mais j’ai déjà des annulations, évidemment. »
Quid des agréments en attente ?
Pire, le conseiller, qui a travaillé 26 ans dans la distribution avant de créer son entreprise en 2023, ne dispose pour le moment que d’un numéro d’agrément provisoire pour réaliser le CSP. Or, pour obtenir un numéro d’agrément définitif, il doit, d’ici au 25 mars, avoir réalisé cinq CSP, faute de quoi il devra repasser l’agrément, et le payer, une seconde fois. « Nous, conseillers indépendants, nous nous sommes formés car la demande était forte, déplore-t-il. Nous avons investi dans des outils, des logiciels, et nous nous retrouvons le bec dans l’eau. »
Les certificateurs ont rendez-vous avec la DGAL le 6 mars
Une situation confirmée par Vincent Couëpel, président du Cepral, l’association des organismes certificateurs du domaine agricole. « Certains conseillers, qui ont créé leur structure pour répondre à la demande, apprécient moyennement ce recul, confie-t-il. Je les comprends car les investissements, en salariés, en outils informatiques, en actions commerciales, sont parfois élevés. Certains clients, qui étaient en attente de certification, nous ont clairement demandé de décaler l’audit car ils n’ont pas réalisé les cinq CSP nécessaires et ne savent d’ailleurs pas s’ils pourront les faire. Nous n’avons, nous non plus, aucune consigne de la part du Gouvernement mais la DGAL a demandé à nous rencontrer le 6 mars. » Les organismes de l’État ont par ailleurs indiqué à Éric Neveu que des annonces devraient être faites lors du salon de l’Agriculture.
Stand by chez Euralis et à la Chambre d’agriculture de Bretagne
Interrogé par Référence agro, Euralis, qui a fait le choix du conseil, dit « attendre d’en savoir un peu plus sur les dispositions exactes et les conditions d’application qui seront décidées [suite à la refonte éventuelle du CSP, NDLR]. Dans l’attente, nous suspendons provisoirement notre offre de conseil stratégique phytosanitaire », nous confie Olivier Quéro, directeur de la communication du groupe. Même position à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Les conseillers agronomes de la chambre ont déjà réalisé plus de 1100 CSP, explique Élisabeth Congy, responsable de l’équipe protection des cultures et biodiversité. À l’heure actuelle, nous ne savons pas du tout comment un nouveau conseil va s’articuler avec le Certiphyto et son renouvellement. Les Draaf n’ont pas encore reçu d’instruction pour gérer les demandes de renouvellement de Certiphyto sans CSP ou avec les attestations de rendez-vous CSP. Ces demandes sont donc en stand-by. » Elle précise par ailleurs que des recrutements de conseillers ont eu lieu pour réaliser ces conseils. Tout en ajoutant que « nous avions décidé que seulement la moitié de leur mission serait dédiée aux CSP », qu’elle juge être « un bon outil agronomique ».
Quant aux agriculteurs qui ont déjà réalisé leur CSP, le sentiment de « s’être fait avoir » domine avec la question « pourrons-nous être remboursés ? » Autant de points sur lesquels les politiques devraient être interrogés lors de leur visite au salon de l’agriculture.
Stéphanie Ayrault, Elena Blum et Anne Gilet.