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Tour de plaine : le potentiel est là !

Le | Cooperatives-negoces

Les coopératives et négoces interrogés en région font part de leur optimisme pour la récolte à venir. Pour les cultures semées à l’automne, le potentiel semble au rendez-vous : seule incertitude, l’impact potentiel des maladies. Pour les cultures de printemps, la situation est plus hétérogène car dans certaines régions, les semis ont pris du retard.

Tour de plaine : le potentiel est là !
Tour de plaine : le potentiel est là !

 Alain Laloi, responsable technique de Val’Epi (27)

« D’importants risques de verse »

« Globalement, la plaine est belle. Les conditions sont à l’opposé de l’an dernier. En blé, les peuplements sont denses. Avec des résidus d’azote importants et des apports bien valorisés, les talles sont bien développées, augmentant le risque de verse. La pression maladie est relativement faible, même si la septoriose progresse doucement. La dynamique est assez proche en orge d’hiver, avec des risques de verse qui augmentent. La floraison s’est faite en conditions fraiches et pluvieuses, ce qui peut augmenter le risque fusariose. Le colza a été implanté dans de très bonnes conditions. Le nombre de siliques devrait être bon. En revanche, les conditions nuageuses et les températures faibles en période de floraison vont probablement contribuer à un nombre de grains réduit par silique. Cela ne présage rien pour le rendement car le PMG peut toujours être correct. Pour les cultures de printemps, les semis d’orges se sont bien passés. La levée est homogène, tout comme les stades de développement. À date, c’est plutôt prometteur. »

Luc Bienaimé, directeur général de LamyBienaimé (79)

« Le potentiel des céréales est là »

« Cette année, nous constatons un ajustement des surfaces. La sole dédiée au tournesol progresse, au détriment du maïs qui devrait perdre 10 % de ses hectares. Les semis ont été un peu retardé du fait des pluies à répétition depuis fin avril mais rien d’alarmant. La féverole, qui avait progressé dans notre secteur, est en recul : les agriculteurs lui ayant préféré le pois, plus simple à conduire notamment au niveau de la protection des maladies et des ravageurs. Pour les cultures d’automne, la plaine est très belle. Le potentiel est là. »

Gilles Lassagne, directeur du pôle végétal de la CAL (54)

« En blé, forte pression de septoriose dans la plaine »

« En blé, la plaine est belle avec un bon potentiel. En revanche, la pression maladie, notamment pour la septoriose est forte. On devrait observer des disparités en fonction des solutions de traitement choisies. Les parcelles de colza viennent de défleurir. Vu les bonnes conditions de semis et l’état actuel des cultures, cela pourrait, dans la région, relancer l’intérêt de nos agriculteurs pour cette tête de rotation. Les conditions humides du printemps n’ont pas permis de semer le tournesol et le maïs dans des conditions optimales. Les températures fraîches ont également freiné la levée. Nous observons de plus en plus de cultures destinées à la méthanisation sur nos territoires, principalement du seigle. Les premières coupes laissent présager de bon résultats, tant sur le rendement que la qualité. »

Mickaël Mimeau, responsable technique chez Dijon céréales (21)

« Hausse confirmée pour le tournesol et recul pour le maïs »

« La croissance des cultures semées à l’automne s’est bien déroulée grâce à un hiver doux. À noter toutefois une importante pression des ravageurs dans le colza mais au final, sans gravité. Les céréales affichent une biomasse importante  : la valorisation des engrais fut bonne tout comme les conditions de désherbage. Nous restons en revanche vigilant pour l’orge d’hiver, qui subit une forte pression maladies, renforcée par une montaison très longue. On avait une avance historique sur les cultures et nous sommes revenus dans les rangs. Les conditions de printemps sont bonnes malgré une faible luminosité et des températures plutôt fraîches. Les levées de maïs se sont bien déroulées avec peu de dégâts d’oiseaux. En revanche, ils sont très présents en tournesol : la levée est difficile. Des re-semis ont déjà eu lieu. Les surfaces de tournesol sont en hausse et celles de maïs, en recul : de  10 à 15 % pour le maïs grain et de 3 à 5 % pour le maïs ensilage. Nous constatons aussi une baisse du soja car le printemps-été très sec 2022 a favorisé le basculement vers le tournesol. «

Franck Camet-Lassalle, responsable collecte chez Euralis (64)

« Les semis de printemps ont pris du retard »

« Sur les céréales à paille et les colzas nous sommes assez confiants sur les volumes mais nous avons des craintes sur la qualité en raison du risque maladies. Nous sommes plus inquiets pour les semis de printemps qui ont pris du retard en raison des conditions climatiques :  12 jours de pluie en avril et 13 jours en mai. Les agriculteurs ont donc dû semer entre deux averses. À ce jour, 75 % des semis de printemps sont réalisés :90 % des maïs, 85 % des tournesols et 65 % des sojas. Ces chiffres cachent toutefois une forte disparité sur le territoire avec des zones où seulement 50 % des semis de maïs ont été réalisés par exemple. Nous devons donc accompagner ces agriculteurs dans le changement de semences vers des variétés plus précoces. »

Raphaël Comte, directeur collecte et commercialisation chez Oxyane (38)

« Pour la première fois, la collecte d’été devrait dépasser celle d’automne »

« Nous collectons 800 000 tonnes de grains chaque année, avec une dominante de cultures de printemps. Pour la première fois, nos prévisions nous indiquent que la collecte d’été va dépasser celle d’automne. Pour la récolte 2023, nous attendons en effet une hausse des surfaces de 10 % en blé tendre et de 20 % en colza. Les conditions de semis, très bonnes à l’automne, ajoutées à un hiver doux et une pluviométrie suffisante au printemps nous font prévoir de très bons rendements. Nous visons 72 q/ha pour le blé tendre, loin de notre moyenne à 63 quintaux. Il ne reste qu’une seule donnée qui peut jouer à savoir le risque maladie. Du côté des semis de printemps, nous observons une baisse de 13 % des surfaces de maïs et une hausse de 40 % du tournesol. Le  manque de luminosité en début de cycle complique le démarrage des cultures. »

Anne Gilet, Julia Landrieu et Virginie Montmartin