Vivescia, Euralis et Terrena, mécènes d’une chaire de recherche sur les exploitations
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La chaire Germea a pour but de décortiquer le fonctionnement des exploitations agricoles dans un contexte en évolution permanente. Son programme d’actions a été lancé le 19 octobre, à Paris. Particularité : les trois mécènes de la chaire sont des coopératives. Vivescia, Euralis et Terrena ne se contentent pas de la financer, elles comptent bien également s’investir dans une analyse stratégique pour leur activité.
Le coup d’envoi du programme d’actions de la chaire de recherche Germea a été donné le 19 octobre, à Paris, pour 5 ans. Au petit jeu des acronymes, les responsables de la chaire ont fait preuve d’ingéniosité, Germea signifiant « Groupe d’Études et de Recherche sur les Mutations de l’Entreprise Agricole ». Par « entreprises agricoles », les chercheurs entendent « exploitations ». Ils tenteront de comprendre l’évolution de ces dernières dans un contexte de changement permanent, qu’il s’agisse du cadre réglementaire, des attentes sociétales, du climat ou encore de l’enjeu de la transmission. Geneviève Nguyen et François Purseigle, deux enseignants-chercheurs à l’Institut national polytechnique de Toulouse qui travaillent sur ces sujets de longue date, sont à la manœuvre au sein du groupe de cinq chercheurs impliqués. La chaire prévoit notamment, dans ses livrables, l’intégration de ses conclusions dans différents cursus de formations initiales et continues, et la construction d’indicateurs pour caractériser l’évolution des exploitations en France.
Chaque coopérative apporte 100 000 €
L’originalité du projet tient aux mécènes qui le soutiennent. Trois coopératives, Euralis, Terrena et Vivescia, vont financer la chaire, à raison de 100 000 € chacune, répartis sur 5 ans. Vivescia s’est mobilisée en premier. Christoph Büren, son président, précise : « Étant au cœur de l’action, sur le terrain, nous comprenons bien les enjeux du secteur. Mais nous ne pouvons, ou parfois ne voulons pas tout voir… le regard du chercheur permet de chatouiller les certitudes. » Ses deux homologues abondent, et se disent impatients de consulter les résultats. « La responsabilité d’une coopérative, de son conseil d’administration et de ses salariés, c’est de proposer une offre pertinente à ses adhérents, complète Olivier Chaillou, président de Terrena. Comprendre comment se crée la valeur pour une exploitation, c’est notre vocation première, et la chaire va nous y aider. »
Modèle gagnant entre chaire de recherche et coopératives
Les coopératives ne se contenteront pas de financer, elle contribueront aussi à certaines actions « de terrain », offrant aux chercheurs un terrain de jeu diversifié, en termes de géographique et de filières concernées. Les résultats seront publics, ce que Christoph Büren perçoit avec deux sentiments mêlés : « C’est exposant pour nous, mais c’est aussi, quelque part, gratifiant de participer à ce type d’étude qui va, in fine, profiter à tout le secteur ! » En retour, les sujets abordés par Germea, multiples, ne manqueront pas d'apporter aux trois mécènes des informations précieuses sur leurs adhérents. Méthodes de travail, réseaux professionnels, ancrage territorial… Deux focus particuliers se dégagent : le premier, sur l’outillage numérique des exploitations. Le second, sur les mode d’exploitation alternatifs au modèle familiale.
Focus sur la délégation de travail et la prestation de services
« Nous avons déjà initié une enquête, auprès de 1800 exploitants, sur les pratiques de sous-traitance et de délégation du travail, détaille Geneviève Nguyen. En la matière, les pouvoirs publics semblent avoir mal intégré ces phénomènes, qui prennent une importance considérable ! » Les résultats de la chaire seront justement partagés avec les politiques. Le recensement agricole pourrait ainsi s’enrichir, « et pourquoi pas aller titiller les candidats avec nos constats de départ ? », lance François Purseigle, interpellé sur la potentielle influence de Germea sur l’élection présidentielle.
Pour les coopératives, pas question, quoi qu’il en soit, de rester passives pendant cinq ans ou d’attendre des retombées politiques. Sur le dossier des modes de répartition du travail sur les exploitations, Christophe Congues, président d’Euralis, précise ainsi « que la prestation de gestion de culture est un des services que nous comptons proposer à nos adhérents. Mais pour ne pas avoir le nez dans le guidon, l’analyse de Germea est un plus non négligeable que nous intégrerons au fil de l’eau. »