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En blé, les marchés devraient rester tendus

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La récolte française, décevante en quantité et en qualité, attise les tensions du marché mondial du blé meunier. Pour Nathan Cordier, analyste chez Agritel, cette situation devrait encore durer. La question qui se pose aujourd’hui : quel prix seront prêts à payer les acteurs des filières biocarburants et alimentation animale ?

En blé, les marchés devraient rester tendus
En blé, les marchés devraient rester tendus

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En blé, les marchés devraient rester tendus - © D.R.
En blé, les marchés devraient rester tendus - © D.R.

Pour Nathan Cordier, analyste chez Agritel, « le blé meunier cristallise actuellement toutes les attentions du marché des céréales ».[/caption]

34,93 millions de tonnes. Au 24 août, telle est l’estimation de la récolte française de blé tendre faite par Agritel. « Une déception car début juin, le potentiel était prometteur, rappelle Nathan Cordier. La récolte 2021 s’annonçait même dans le top 4 des meilleures productions historiques, à près de 38 Mt. » Les intempéries à répétition de l’été ont pénalisé le bon remplissage des grains et ont dégradé la qualité. Au final, le rendement moyen atteindrait 70,7 q/ha, soit 1 % de moins que la moyenne des dix dernières années, pour une surface de 4,94 Mha selon le ministère de l’Agriculture.

Des stocks mondiaux en baisse

Alors que la France a souffert des pluies à répétition, le reste de l’hémisphère nord a subi des canicules historiques depuis la fin du printemps. « À l’exception du Maroc, les récoltes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont très mauvaises. La production de blé de printemps a littéralement grillé sur pied sous le dôme de chaleur au Canada et sur le nord des États-Unis. Tension également sur les blés de printemps de Russie et du Kazakhstan. Même si une récolte record est attendue en Ukraine, cela ne devrait pas suffire à rééquilibrer le marché », détaille Nathan Cordier. Conséquence directe de ces aléas climatiques : « la tension est montée d’un cran sur le blé meunier depuis quelques semaines. Les perspectives de stocks chez les grands exportateurs s’annoncent même comme les plus tendues depuis la campagne 2007/2008 lorsqu’avaient eu lieu les premières émeutes de la faim. »

+ 35 % du prix du blé meunier en un an

« Nos débouchés meuniers traditionnels pourront toutefois être honorés, assure-t-il. Même si un important travail du grain sera nécessaire en amont et des aménagements de cahiers des charges devront, à n’en pas douter, être âprement négociés, la qualité n’étant pas toujours au rendez-vous. » Dans ce contexte tendu, le prix du blé meunier côté sur le marché Euronext est au plus haut depuis huit ans : 250 €/t sur l’échéance décembre 2021, soit une hausse de 35 % sur un an.

Quelle stratégie des acheteurs ?

« A-t-on atteint un prix plancher pour les débouchés vers les biocarburants et l’alimentation animale ? Nous ne savons pas, reconnaît Nathan Cordier. Les acheteurs internationaux en blé meunier sont eux, à l’image de l’Algérie, restés un peu en retrait pendant la hausse mais sont finalement revenus aux achats. Incertitude également sur la stratégie d’achat de la Chine. Au final, il y a quelques semaines, nous pensions que le maïs allait rester le driver du marché des céréales. Là, nous constatons finalement que c’est le blé qui cristallise toutes les attentions. »