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Engie Green veut contribuer au décollage de l’agrivoltaïsme

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Comment un acteur majeur du secteur des énergies renouvelables comme Engie Green se positionne-t-il par rapport à l’émergence de l’agrivoltaïsme ? Entre veille politique et catégorisation des types de projets, Aline Chapulliot, responsable du service nouvelles offres de l’entreprise, détaille les contours de son travail à Référence Agro.

Modélisation 3D de haies solaires en grandes cultures (Engie Green). - © D.R.
Modélisation 3D de haies solaires en grandes cultures (Engie Green). - © D.R.

L’agrivoltaïsme aura une définition politique, le 10 janvier prochain, quand la loi d’accélération des énergies renouvelables sera officiellement adoptée. Ce texte est appelé à donner le coup d’envoi du déploiement de cette pratique combinant productions agricole et d’énergie sur la même parcelle. Du côté d’Engie Green, acteur majeur des énergies renouvelables, on se situe dans l’anticipation. « Si la R&D du secteur est au travail depuis 10 ans, une réelle dynamique a démarré il y a environ deux ans, estime Aline Chapulliot, responsable du service nouvelles offres de l’entreprise. Nous avons, à ce moment-là, fixé une ligne de conduite et une feuille de route, adaptable en fonction des évolutions du cadre réglementaire. »

Quatre types de projets déjà travaillés

« Partant du principe que cette pratique peut prendre différentes formes du nord au sud de la France, nous misons sur une diversité de technologies », détaille Aline Chapulliot. Quatre types de projets ont été retenus. Les projets adaptés aux élevages ovins se placent dans la continuité de certains parcs photovoltaïques déjà concrétisés par Engie Green. « Sur nos 180 parcs solaires actuels, nombreux sont ceux qui sont enherbés, et entretenus par des moutons, précise Aline Chapulliot. Dans ce cadre, l’élevage n’est certes pas au centre du projet mais nous avons pris l’habitude de co-construire, et nous connaissons les contraintes et besoins des éleveurs. Nous comptons quatre ou cinq projets de ce type, de belle taille. »

Petits fruits et cultures pérennes

Deuxième type de projet : les ombrières à petits fruits. Ces cultures maraîchères sensibles, aujourd’hui produites sous tunnels, sont en plein développement. L’idée est de remplacer les tunnels, qui sont à changer tous les 5 à 6 ans, par des ombrières photovoltaïques ayant une durée de vie plus longue. « Nous avons un prototype aux Pays-Bas, nous pourrions être prêts dans deux ans pour le déploiement », évalue Aline Chapulliot. Autre secteur envisagé, celui des cultures pérennes type vigne et arboriculture. « Le gel a fait des dégâts ces dernières années sur ces cultures très exigeantes, remarque Aline Chapulliot. Nous travaillons avec Sun’agri sur des ombrières pilotées par une intelligence artificielle en fonction des besoins du végétal. » Quatre projets sont en cours dans le tiers sud de la France.

Des haies photovoltaïques dans les élevages et les grandes cultures

Enfin, une expérimentation a été lancée sur les haies solaires en élevage bovin. Ces panneaux bifaces sont placés à la verticale avec une face à l’ouest et l’autre à l’est. L’emprise au sol étant très limitée, la parcelle reste pâturable. Le démonstrateur, situé en Auvergne, est mené avec Inrae sur un hectare. L’institut technique doit évaluer les effets micro-climatiques de ces haies (coupe-vent, ombre…), leur impact sur la qualité et la quantité de la ressource fourragère, mais aussi sur le comportement et le bien-être animal. « Ces haies seraient déclinables pour les grandes cultures basses, ajoute Aline Chapuillot. Les pieds des haies pourront être utilisés comme des bandes de biodiversité, puisque qu’il seront de toute façon mécaniquement non-récoltables. » Un ou deux cultivateurs seraient intéressés par l’idée de tester un prototype.

Engie Green mise sur des projets de territoires

Dans l’attente d’un cadre politique clair, Engie Green est donc déjà au travail, consciente que le secteur agricole réclame des lignes rouges très strictes, pour éviter que les terres ne soient accaparées par les producteurs d’énergie verte. « Nous abordons l’agrivoltaïsme en donnant la priorité à la production agricole, affirme Aline Chapuillot. Pour tous nos projets, quelle que soit la géographie, la technologie, l’agriculteur, nous concevons nos projets avec les mêmes principes que tous nos projets d’énergies renouvelables, c’est-à-dire avec les acteurs du territoire. »

Chez Engie Green, une quinzaine d’équivalents temps plein travaillent déjà sur l’agrivoltaïsme, dont quatre personnes à 100 %. Une ressource humaine qui devrait aller en s’agrandissant, et en se diversifiant : « Nous embauchons des compétences en agronomie », conclut Aline Chapulliot.