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La filière chanvre veut mieux rémunérer les producteurs grâce au carbone en 2023

Le | Environnement-agroecologie

Ne se satisfaisant pas des délais imposés par le label bas carbone, la filière chanvre est en train de créer son propre outil de certification carbone. Objectif : permettre à tous les cultivateurs d’être rémunérés pour le stockage de carbone d’ici à la fin de l’année.

La filière chanvre veut mieux rémunérer les producteurs grâce au carbone en 2023
La filière chanvre veut mieux rémunérer les producteurs grâce au carbone en 2023

La filière chanvre est déterminée à valoriser, dans les exploitations, le stockage du carbone permis par cette culture. Après la remise d’un rapport par Inrae sur ce potentiel, jugé peu concluant par l’interprofession, InterChanvre a entamé des travaux pour élaborer son propre outil de valorisation. « Les travaux ont démarré à l’automne et nous allons présenter un premier prototype à notre conseil d’administration le 9 février prochain », explique Nathalie Fichaux, la directrice d’InterChanvre. D’ici là, de nombreux rendez-vous sont prévus, avec différents interlocuteurs, tels que Christian Huyghe, le directeur scientifique d’Inrae ou le cabinet de conseil Carbone 4, pour valider la démarche. L’objectif est, ensuite, d’obtenir la validation du dispositif par les instances politiques.

Construire un outil de court terme

Cet outil sera positionné comme une alternative au label bas carbone, et sa méthodologie grandes cultures, pour les producteurs de chanvre. « Le label est un outil de moyen terme, rémunérant les agriculteurs selon les progressions réalisées, au bout de cinq ans, par rapport à un diagnostic initial, rappelle Nathalie Fichaux. En ce qui nous concerne, nous avons besoin d’un outil de court terme, rémunérant les agriculteurs déjà vertueux, comme c’est le cas de ceux cultivant du chanvre. » Conséquence de la montée en flêche du cours des céréales, dans le cadre de la guerre en Ukraine, la filière craint des arbitrages défavorables au chanvre dans les champs, alors que les marchés demandent cette matière première vertueuse.

Permette aux cultivateurs de chanvre d’être rémunérés d’ici à fin 2023

Ces travaux s’inscrivent dans une démarche globale de l’interprofession sur le sujet du carbone. « L’ambition posée par le conseil d’administration est que, fin 2023, l’ensemble des producteurs de chanvre puisse être rémunérés pour leur action de stockage de carbone », précise la directrice de l’interprofession. Certaines chanvrières poursuivent par ailleurs leurs actions en faveur de la mise en place de fermes pilotes.

Ne pas se limiter à un seul débouché

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation, à l’automne, un projet de décision d’approbation d’une méthodologie, pour le label bas carbone, « Bâtiment - Valorisation du stockage carbone longue durée. » Une séquestration sur le long terme permise par le chanvre, et que l’inteprofession dédiée veut valoriser. « Nous n’avons pas répondu à cette consultation, explique néanmoins Nathalie Fichaux, la directrice d’InterChanvre. Nous ne voulons pas limiter notre action à un seul secteur, nous voulons aussi agir sur ceux du textile, de la plasturgie, du textile de l’amont agricole, etc. Cette méthodologie nous semblait trop restrictive, nous devons prendre en compte l’ensemble des débouchés. »