La filière chanvre ambitionne de doubler ses surfaces dans les cinq ans
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Avec 0,06 % de la SAU française, le chanvre reste une culture mineure dans l’Hexagone. Mais elle se déploie vite, et s’appuie sur des débouchés porteurs. Le 17 novembre, le président d’Interchanvre a estimé que le nombre d’hectares implantés devrait doubler sous cinq ans.
Une dynamique solide, et qui ne demande qu’à continuer. Différents acteurs de la filière chanvre française étaient réunis par l’Association française des journalistes agricoles, Afja, le 17 novembre à l’Académie d’agriculture. Les perspectives sont prometteuses, selon Franck Barbier, président d’Interchanvre. « Avec 22 000 hectares, la France représente 37 % des surfaces de chanvre dans l’UE, ce qui en fait le leader européen, a-t-il affirmé. Les surfaces cultivées en France ont triplé en dix ans, et nous pensons qu’il est réaliste de doubler ce chiffre dans les cinq ans » Il avance, notamment, le chiffre de 50 M€ d’investissements engagés dans la filière à court terme.
Vigilance sur la rémunération des producteurs de chanvre
Plusieurs points de vigilance se dégagent de l’actualité. Le conflit en Ukraine pourrait conduire les agriculteurs à faire des arbitrages défavorables au chanvre au profit des céréales, dont le prix flambe. « Dans ce contexte, la rémunération de l’exploitant ne doit pas être négligé par l’aval », avertit Franck Barbier. Il note toutefois que pour le moment, la tendance n’est pas à la guerre des prix : « La demande est importante et l’aval est plutôt rassuré de voir que les bassins de productions se multiplient et se diversifient. »
Il affiche la même vigilance sur la rémunération des producteurs de semences. « Toutes les semences doivent être certifiées et sont produites à 90 ou 95 % en France, rappelle-t-il. À nous de créer des conditions qui permettent aux producteurs de semences de continuer à proposer de la diversité, tout en augmentant les volumes. »
Plusieurs débouchés prometteurs, mais encore en maturation
En termes de débouchés, la chanvre est polyvalent : bâtiment, textile, usages bien-être ou médical… à cette heure, c’est toutefois l’alimentation (farines, huiles, graine décortiquée) qui présente les perspectives les plus concrètes. Le cannabis thérapeutique fait l’objet d’une expérimentation qui devrait aboutir en 2023, mais « cela restera de petits volume », note l’ancien député Jean-Baptiste Moreau (ex-LREM), qui remarque surtout que le Gouvernement « n’est pas moteur sur ce débouché, bien au contraire ». Une réserve des pouvoirs publics qui concernerait aussi la production du CBD « bien-être » à partir de chanvre. Un débouché légal, mais pour lequel la filière française tarde à se structurer, proposant actuellement des prix deux à trois fois plus élevés que l’Allemagne ou la République tchèque.
Le textile, de son côté, semble porteur mais à horizon 2024, voire 2025. Le chanvre peut se substituer au coton qui nécessite plus d’intrants (eau, pesticides) et dont le bilan carbone est moins bon. Les défis sont ici plutôt liés aux process technologiques et à la qualité du produit fini, qui restent à peaufiner.