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Face à la baisse des surfaces, la filière semences veut trouver de nouvelles opportunités à l’international

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Alors que l’érosion du nombre d’agriculteurs-multiplicateurs et des surfaces s’est confirmée en 2023, l’interprofession des semences, Semae, veut obtenir des garanties de pérennisation de la production, et cherche à conquérir d’autres marchés.

Laurent Bourdil et Pierre Pagès, respectivement président de la commission transversale communicatio - © D.R.
Laurent Bourdil et Pierre Pagès, respectivement président de la commission transversale communicatio - © D.R.

« Nous avons l’habitude de communiquer sur un nombre d’agriculteurs multiplicateurs autour de 18 000, mais l’érosion se confirme en 2023, avec un bilan de 16 864  », souligne Pierre Pagès, le président de Semae, en ouverture d’un point presse, le 14 février 2024. La baisse est particulièrement importante pour les fourragères, le nombre d’agriculteurs multiplicateurs étant passé de 4441 en 2019 à 3199 en 2023. Pour expliquer le phénomène, l’interprofession cite la hausse des coûts de production, le retrait de molécules ou encore les difficultés d’accès à l’eau. « Nos semences sont encore plus sensibles aux aléas, nous devons pouvoir profiter de toutes les méthodes de progrès génétique, plaide Laurent Bourdil, président de la commission transversale communication de Semae. Nous sommes de plus en plus souvent face à des impasses, les agriculteurs se sentent un peu lésés. » De son coté, Pierre Pagès l’assure, la filière veut répondre à ces enjeux, techniques et climatiques. « Nous sommes le premier maillon de la production, nous savons que nous sommes très attendus. Pour cela, nous avons besoin de pouvoir garantir et pérenniser la production et la création variétale. »

La baisse des surfaces de multiplication de semences se poursuit

La filière française, toujours première exportatrice mondiale de semences agricoles, doit également composer avec des facteurs géopolitiques. Les surfaces de multiplication de semences, impactées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, ont reculé de 9000 hectares entre 2019 et 2023, pour atteindre 372 355 hectares. Après une baisse de 22 % en 2022-2023, les exportations vers la Russie, qui demeure le premier pays tiers client de la France, devraient continuer de chuter en 2023-2024. « L’exportation est un enjeu crucial, appuie Pierre Pagès. Nous devons trouver des opportunités dans d’autres zones, comme l’Afrique, ou des pays d’Asie comme le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Ce sont des pays où l’agriculture est en plein développement, nous voulons y être présent pour accompagner ces dynamiques. Les semences sont un des premiers leviers de développement agricole. »

Vigilance sur les évolutions réglementaires européennes

Au niveau européen, l’interprofession se montre enfin particulièrement attentive à l’avenir de deux textes : celui sur les NGT, et celui sur la commercialisation du matériel de reproduction des végétaux. « Cela nous permettra d’avoir un cadre juridique clair », avance Pierre Pagès. Sur le sujet plus précis des NBT, Semae défend son attachement au certificat d’obtention végétal, Cov. «  Nous ne souhaitons pas qu’il y ait de brevets sur les gènes natifs, pose Pierre Pagès. Nous ne devons pas aboutir à une asphyxie du secteur par les détenteurs de brevets. »

 

La filière semences françaises en 2023

  • les exportations 2022-23 représentent 56 % du chiffre d’affaires de 3,9 Mds €, soit 11 % de plus par rapport à 2021-22
  • les semences de maïs/sorgho sont sur la première marche du podium des exportations (819 M€), devant les semences potagères (529 M€) et les oléagineux (431 M€)