Référence agro

Face à une conjoncture dure à déchiffrer, l’AGPB veut accentuer sa mission prospective

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Le terme « prospective » s’est fait récurrent, lors du Congrès des céréaliers 2022, le 8 juin. Pour l’AGPB, l’anticipation des possibles évolutions de contexte, notamment géopolitiques, devient une mission prioritaire. Avec deux paramètres à intégrer : la dimension européenne de l’avenir du secteur, et la nécessité de développer une approche multi-filières.

Près de 200 personnes ont participé au Congrès des céréaliers 2022. - © D.R.
Près de 200 personnes ont participé au Congrès des céréaliers 2022. - © D.R.

« Il y a peu, l’Europe mettait en avant un Green Deal impliquant une production en baisse de 15 %. Aujourd’hui, elle nous réclame de produire 30 % en plus dans les deux ans. » Le 8 juin, lors du Congrès des céréaliers 2022, le président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) Éric Thirouin ne savait pas s’il fallait se réjouir ou s’inquiéter de ce constat. « La guerre en Ukraine a fait bouger les lignes, a-t-il commenté. D’un côté, l’importance du rôle nourricier de l’agriculture européenne est enfin reconnu. De l’autre, on passe d’un extrême à l’autre en si peu de temps que les céréaliers sont forcément pris au dépourvu. »

La prospective pour éclairer la défense de la filière

Réussir à dessiner une tendance à horizon 2030, face à ces soubresauts de l’actualité et des attentes politiques et géopolitiques, c’est précisément l’une des missions à laquelle l’AGPB compte s’atteler. L’un des vice-présidents, Philippe Dubief, explique à Référence agro : «  La prospective est l’une des missions historiques de l’AGPB. Avec le contexte actuel, nous devons accentuer nos efforts en la matière. Notre rôle de s’arrête pas à la représentation de nos mandants, nous devons aussi leur proposer un cap. » Un micro-trottoir réalisé en amont du congrès auprès de céréaliers, interrogés sur le rôle de l’AGPB, confirme cette tendance. Si la notion de « défense de [nos] intérêts » reste celle qui revient le plus, la nécessité d’un éclairage sur l’avenir à moyen terme est également fréquente.

Un périmètre de prospective à cadrer sur l’UE

« Nous sommes très pris par le court terme, commente le secrétaire général de l’AGPB, Philippe Heusèle. Mais nous nous devons d’esquisser l’après, en espérant que la guerre s’arrête très vite, mais en anticipant tous les scénarios. » Et les atermoiements de l’UE recoupent cette préoccupation. Un sondage réalisé auprès des congressistes montre que 83 % d’entre eux estiment que l’action de l’AGPB doit se situer dans un périmètre européen.

Parmi les idées exprimées de manière récurrente par les intervenants invités à la tribune, pour l’avenir des céréaliers : l’importance de dresser des passerelles vers d’autres filières. La complémentarité avec l’élevage est revenue à plusieurs reprises. « Dès le début des années 2010, nous avons porté cette idée avec mon prédécesseur Xavier Beulin, a rappelé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Nous maintenons ce cap, plus que jamais. »

Se projeter sur l’avenir avec d’autres filières

Par ailleurs, le travail prospectif mené avec les autres associations spécialisées en grandes cultures, les Culturibles, se poursuit activement. La Confédération générale de la betterave (CGB), la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop) et l’AGPB se sont réunies fin avril, et se retrouveront fin juin, pour enrichir

publiée il y a un an. « Nous creusons deux hypothèses, principalement, précise Philippe Dubief : celle d’une agriculture qui resterait sous contrainte d'un Green Deal maintenu en l’état, et celle d’une agriculture davantage perçue comme une solution. Nous envisageons également une plus grande collaboration avec les élevages. » Autre ajout : la prise en compte d’un paramètre « pouvoir d’achat des consommateurs » parmi les indicateurs des différents scénarios.

L’AGPB, l’AGPM, la Fop et la CGB entendent donner davantage de visibilité aux résultats de cette prospective enrichie. « Nous réfléchissons aux bons canaux pour le faire, ajoute Philippe Dubief. Nous voulons créer le dialogue, sur la base des Culturibles, avec les politiques, les thinktank, les acteurs de nos réseaux mais aussi les associations environnementales. »