Référence agro

AGPB, AGPM, CGB et Fop se penchent sur l’avenir des grandes cultures en 2030

Le | Recherche-developpement

Quel avenir pour les filières de grandes cultures à l’horizon 2030 ? C’est la question à laquelle les quatre associations spécialisées des filières concernées (AGPB, AGPM, CGB, Fop) ont tenté de répondre à travers l’étude prospective « Les Culturibles », achevée au printemps 2021. L’objectif est de s’appuyer sur ce travail pour tenter d’influencer les futures décisions stratégiques concernant ces différentes filières.

AGPB, AGPM, CGB et Fop se penchent sur l’avenir des grandes cultures en 2030
AGPB, AGPM, CGB et Fop se penchent sur l’avenir des grandes cultures en 2030

Plus de 150 facteurs analysés pour aboutir à quatre grands scénarios plausibles pour les grandes cultures à horizon 2030. Ce sont les contours de l’étude prospective intitulée « les Culturibles ». Ce travail a été mené, de 2019 à 2021, par les quatre associations spécialisées des filières blé (AGPB), maïs (AGPM), betterave (CGB) et oléagineux et protéagineux (Fop). « Il est important de sortir de l’approche en silo et d’accentuer les démarches communes, car beaucoup d’opportunités et de menaces sont globales, insiste Cyril Cogniard, élu à la CGB et contributeur au projet. Nos adhérents respectifs ont le plus souvent plusieurs grandes cultures dans leurs assolements. »

Les grandes cultures analysées à travers onze critères

AGPB, AGPM, CGB et Fop se penchent sur l’avenir des grandes cultures en 2030 - © D.R.
AGPB, AGPM, CGB et Fop se penchent sur l’avenir des grandes cultures en 2030 - © D.R.

Un groupe de travail rassemblant neuf agriculteurs élus des quatre structures a été mis en place. Vingt collaborateurs issus de douze structures des filières concernées (instituts techniques, syndicats, associations de communication…) ont été consultés, ainsi que quatre cabinets de conseil. Ce vaste travail a abouti à quatre scénarios évalués à travers onze critères (1), eux-mêmes classés en trois grands enjeux : résilience, économie, environnement. Les Culturibles proposent ainsi des « radars » révélant de manière très visuelle l’impact de chaque scénario sur les onze critères retenus.

Agriculture locale, sans racine, sous contrats ou plurielle ?

Les quatre scénarios sont les suivants :

  • « Sans racines » esquisse un désintérêt total de la société urbaine pour l’agriculture, qui n’est plus un secteur stratégique. La France n’est alors plus une nation nourricière, et les espaces ruraux deviennent avant tout récréatifs.
  • « Localiculture paysanne » pousse fortement l’agroécologie, en réponse à des consommateurs et citoyens militants quant à leur alimentation et leur cadre de vie. L’enjeu environnement est le grand gagnant, aux dépends de la résilience et de l’économie.
  • Dans « Agricultures sous contrats », une agriculture écologiquement intensive, portée par l’aval des filières, prend le dessus. L’économie est solide, mais les réponses aux critères « environnement » et « résilience » sont moins bonnes.
  • « Agricultures plurielles » se construit sur des grandes cultures au cœur de la transformation de l’agriculture, mais aussi de l’évolution la société (climat, biodiversité, énergie…). Ce scénario offre la meilleure « couverture » des onze critères d’évaluation.

Un outil de réflexion sur les grandes cultures

« L’idée n’est pas de privilégier tel ou tel scénario, insiste Martine Jullien, responsable prospective à l’AGPB et animatrice du projet Culturibles. Ces hypothèses offrent matière à réflexion, c’est une manière de se dire « que se passerait-il si… ? », afin d’orienter les grandes décisions à l’avenir. » Les Culturibles sont donc avant tout un outil de dialogue avec la sphère politique, les ONG, et plus globalement les parties prenantes des filières de grandes cultures. « Nous sommes prêts à soumettre ce travail à la contradiction ! », ajoute Martine Jullien. Les quatre associations cherchent précisément à donner de la visibilité aux Culturibles et à commencer un travail de co-construction des futurs possibles pour les grandes cultures dans un esprit gagnant/gagnant. ».

Objectifs : décliner et diffuser les Culturibles

Pour le moment, les Culturibles ont surtout été partagés au sein des quatre filières, bureaux et conseils d’administration. « L’accueil est bon, les élus y voient un bel outil pour réfléchir, pour notre filière betteravière comme pour l’ensemble des grandes cultures », précise Cyril Cogniard, qui estime qu’il reste « probablement un travail de vulgarisation à faire pour diffuser l’étude aux adhérents ». Le groupe de travail porté par les quatre associations reste mobilisé pour mener à bien les déclinaisons et la diffusion des Culturibles. Deux vidéos (

et
) sont disponibles, et un webinaire est envisagé, ainsi qu’un coup de projecteur lors de l’édition 2022 de l’événement Phloème.

(1) Création de valeur, capacité productive, emplois, réduction de la dépendance protéique, contribution à la neutralité carbone, préservation des milieux, préservation de la biodiversité, moindre recours aux intrants, gestion efficiente de l’eau, résilience des exploitations, sécurité sanitaire/régularité d’approvisionnement.