« HVE, carbone, Ukraine… tout se lie autour de la souveraineté alimentaire », Philippe Dubief, AGPB
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La guerre en Ukraine pose plus que jamais la problématique de concilier environnement avec le maintien de la production alimentaire. Entretien avec Philippe Dubief, vice-président de l’Assemblée générale des producteurs de blé, AGPB.
Référence agro : Vous avez engagé depuis trois ans un travail sur la certification environnementale et la HVE. Où en êtes-vous ?
Philippe Dubief : Pour réduire l’empreinte environnementale de la production de céréales et le faire savoir, nous voulons emmener 80 % des producteurs dans cette voie et accompagner ceux qui le souhaitent vers la Haute valeur environnementale, HVE. Toutefois, nous ne poussons pas vers ce plus haut niveau car le marché ne rémunère pas suffisamment, pour l’heure, cette voie. Nous réalisons des diagnostics avec les organismes stockeurs et les chambres d’agriculture afin d’identifier les opportunités d’accompagnement et de conseils vis-à-vis d’un marché. Au 1er juillet 2021, 19 216 exploitations agricoles sont certifiées « Haute valeur environnementale » dont 1997 en grandes cultures. Nous avons également progressé en 2021 de 30 % sur la certification environnementale grâce aux organismes d’accompagnement. La reconnaissance de cette démarche dans les éco-régimes de la Pac devrait accélérer le mouvement.
R.A. : Que faites-vous au niveau du carbone ?
P.D. : Pour le carbone, nous attendions d’avoir un protocole unique entre les productions animales et végétales. C’est chose faite avec la SAS Carbone agri. Mais nous nous apercevons que ce dossier n’est pas simple au niveau des exploitations. Le carbone compris dans les grains n’est pas pris en compte dans le bilan, ce qui réduit les crédits carbone générés par les exploitants et donc leur rémunération. Un prix agriculteur à 30 euros la tonne n’est pas motivant, d’autant qu’il faut faire des investissements pour y arriver surtout en grandes cultures. Il faudrait atteindre a minima 50 à 70 euros la tonne. Mais il est certain que le Label bas-carbone est jeune : à nous de le faire connaitre sur le marché du carbone volontaire.
R.A. : Quels sont les autres axes de travail ?
P.B. : Nous travaillons également sur le développement des inhibiteurs d’uréase, celui de nouvelles variétés plus résistantes aux maladies, la robotique, etc. Nous voulons réduire l’empreinte environnementale tout en maintenant la production. D’ici à 2050, la consommation de céréales augmentera de 30 à 50 %. Or, avec ce qu’il se passe en Ukraine, l’inquiétude monte sur la production de céréales. L’alimentation est un facteur de paix et évite des conflits dans le monde. Mais elle pourrait être une véritable arme. D’où l’importance de maintenir notre potentiel de production.