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Nicolas Broutin, Yara France, « Les engrais ne peuvent plus être traités comme des commodités »

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Nicolas Broutin, Yara France, « Les engrais ne peuvent plus être traités comme des commodités »
Nicolas Broutin, Yara France, « Les engrais ne peuvent plus être traités comme des commodités »

Conséquence de la hausse du prix du gaz, les tensions sur le marché des engrais restent très fortes, et continuent de susciter des inquiétudes au sein du secteur agricole. Alors que la tonne d’urée venant d’Egypte a atteint les 1000 euros (contre 250 € il y a un an), les craintes, sur le terrain, concernent notamment la logistique, des problèmes de transports, maritime et terrestre, étant de plus en plus courants. Lors d’un webinaire organisé par Yara France le 8 décembre, son président, Nicolas Broutin, a appelé à changer de regard sur ces substances. « Nous ne devons plus raisonner les engrais comme un marché de commodités, ces produits deviennent rares et chers. Les distributeurs doivent avoir une stratégie de mise en marché différente, rester sur une logique de commodité est insuffisant aujourd’hui. »

Nicolas Broutin insiste par ailleurs sur les efforts de recherche à déployer sur les engrais. « Ces substances ont toujours été un peu délaissées, il y a très peu d’innovations dans ce secteur. Un vrai travail technique est à réaliser, pour mieux utiliser ces produits et pouvoir progressivement s’en passer. » Dans ce cadre, le président de Yara France plaide en faveur d’un plus grand recours au pilotage qui pourrait, selon lui, permettre de réduire de 10 % les pertes de nutriments. « L’idéal serait d’atteindre entre 75 et 90 % d’efficacité de l’azote. En France, nous sommes plutôt dans le haut du panier mais il y a encore une marge de manœuvre. Nous devons remettre des bases d’agronomie et prêcher la bonne parole sur le pilotage. »

La firme produit actuellement 9 Mt d’engrais. L’objectif relayé par Nicolas Broutin est de décarboner un tiers de cette production, d’ici à 2030.