Engrais, l’Unifa se veut rassurante mais reste dans l’incertitude
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Malgré la conjoncture actuelle liée au prix du gaz, l’Unifa espère livrer autant d’engrais que lors de la précédente campagne. Des espoirs teintés d’inquiétude pour l’urée et la solution azotée.
À l’occasion d’une conférence de presse le 3 novembre, l’Unifa a fait le point sur le tarif du gaz, qui a triplé en moins d’un an, entraînant un doublement du prix des engrais. Au-delà de la question financière, les OS et les agriculteurs craignent surtout un manque de disponibilité des matières fertilisantes, pour la campagne qui vient de commencer.
Florence Nys, déléguée générale de l’Unifa, s’est, malgré tout, voulue rassurante : « Nous avons des objectifs de livraison au moins similaires à ceux de la précédente campagne ». Mais le prix des céréales, très élevé, pourrait entraîner une augmentation de la sole en blé, une culture particulièrement gourmande en intrants.
Inquiétudes pour l’urée et la solution azotée
« En France, les OS ont l’habitude de se couvrir dès le mois de mai, : le taux de couverture atteint aujourd’hui près 60 % », a indiqué Renaud Bernardi, président de l’Unifa. Mais qu’en sera-t-il de la suite de la campagne ? Difficile de prévoir d’autant que l’urée et la solution azotée sont importés et soumis aux aléas du marché mondial : un marché où la Chine tire la demande.
L’acheminement de ces produits pose également question : la logistique maritime étant « plus longue et plus aléatoire », et les disponibilités de camions en France étant sous tension. « Il y a clairement une interrogation sur la disponibilité en urée et en solution azotée pour les deuxième et troisième apports. »
Les cinq usines françaises d’ammonitrates tournent
En parallèle, la capacité de production européenne a ralenti : plus d’un tiers des unités de fabrication d’ammoniaque étant à l’arrêt. « L’importation de ce produit revient moins cher que sa production, a expliqué le président de l’Unifa. Mais si certains pays voisins ont arrêté la production d’engrais, les cinq usines françaises tournent. »
S’affranchir de la dépendance au gaz russe
L’Unifa dialogue avec les pouvoirs publics français et européens, sans pouvoir, pour le moment, révéler quels pourraient être les leviers d’amortissements à court terme. Sur le long terme, les producteurs d’engrais souhaiteraient s’affranchir de la dépendance au gaz naturel russe, et décarboner l’ensemble de la filière en ayant recours à de l’hydrogène propre. « Nous sommes au début des discussions pour savoir quelles entreprises seraient potentiellement intéressées et à quel coût », indique Florence Nys. Yara et Fertiberia ont d’ores et déjà lancé de tels projets.
Un bilan légèrement en baisse par rapport à la précédente campagne
L’Unifa a également rendu public le bilan de sa campagne 2020-2021. Les 36 producteurs de fertilisants, amendements minéraux, organo-minéraux et biostimulants de l’organisation ont dégagé un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros en France, et 157 M€ à l’export, pour 10,9 millions de tonnes de produits livrés, dont 2,6 Mt d’amendements minéraux basiques. Le total est en baisse de 1,5 % par rapport à 2019-2020, lié notamment à un report de stocks lors de la précédente campagne, alors que les rendements en grandes cultures étaient faibles. 514 Mt d’engrais simples azotés ont été livrés, un nombre en baisse de 13,1 % par rapport à la dernière campagne et de 8,5 % sur trois ans.