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La dynamique des exports via la mer Noire rythme les marchés

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En cette fin août, le marché des céréales reste très volatile. Les opérateurs restent vigilants et observent de près les flux au départ de la mer Noire. L’évolution de la parité euro/dollar apporte un soutien sur Euronext. Explications avec Arthur Portier, consultant chez Agritel.

La dynamique des exports via la mer Noire rythme les marchés
La dynamique des exports via la mer Noire rythme les marchés

Après un mouvement de recul autour du 15 août, les prix des céréales ont, sur Euronext, enregistré un rebond en début de semaine, le 22 août. « Les opérateurs suivent de près la dynamique d’export au départ de la mer Noire où le conflit en Ukraine dure désormais depuis six mois, constate Arthur Portier, consultant chez Agritel. La logistique ferroviaire et maritime s’améliore, les flux redémarrent mais n’atteignent pas ceux de l’avant-conflit. Pour mémoire, en décembre 2021, l’Ukraine exportait entre 5 et 6 Mt, toutes graines confondues. Depuis le conflit, à peine 1 Mt sortaient du pays. Pour septembre, le pays espère être en mesure de dégager près de 3,5 Mt, essentiellement du maïs de la récolte 2021. Même si la moisson 2022 est attendue en recul, il est capital de faire de la place pour accueillir cette nouvelle récolte. »

Une récolte record en Russie

Les exportations de la Russie aussi sont auscultées de près, d’autant que le pays annonce une récolte record de blé à 90 Mt ! « Sans compter les stocks de la récolte précédente encore présents sur le territoire, complète Arthur Portier. Mais quelle sera la mobilité de ces volumes ? Certains pays, comme l’Égypte récemment, semblent négocier en direct avec la Russie, sans réaliser d’appels d’offres. Aujourd’hui, les blés russes et ukrainiens sont plus compétitifs que le blé français. Mais attention, les prix annoncés ne tiennent pas compte du coût de l’assurance qui reste très élevé pour les volumes qui doivent transiter par la mer Noire. »

Export massif cet été depuis la France

Sur les mois de juillet et août, la campagne d’export depuis les ports français fut très dynamique. « Faute de marchandise au départ de la mer Noire, les clients se sont tournés vers l’origine France, poursuit-il. La Commission européenne évoque un volume de 3,75 Mt exportées en blé depuis ce début de campagne, chiffre qui devrait s’ajuster à la hausse compte tenu des volumes actuels de chargements. De nouveaux clients sont venus aux achats, comme le Pakistan par exemple. »

Incertitude autour des semis de colza

Les marchés se tournent aujourd’hui vers de nouveaux éléments, à commencer par la récolte de maïs qui s’annonce catastrophique partout en Europe et très problématique aux États-Unis. « Une tendance qui soutient les prix du marché du maïs, explique Arthur Portier. Et ce, d’autant que les estimations de l’USDA au 12 août semblent aujourd’hui très optimistes ! » Autre facteur de soutien sur Euronext, l’euro/dollar qui repassait, le 24 août, sous le seuil symbolique de la parité à 0,9950. » Parmi les autres points à surveiller : les semis de colza, pénalisés par le manque d’eau, alors qu’une nouvelle vague de chaleur a traversé le pays.