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La filière CRC ne veut pas « être trop en avance » sur le sans résidu de pesticides

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En marge de l’assemblée générale du GIE CRC, le 21 novembre, les responsables de la filière sont revenus sur l’expérimentation menée autour d’une production « sans résidu de pesticides ». Celle-ci s’avère convaincante en termes fonctionnels, mais peine à trouver un marché. La filière CRC prévoit donc de temporiser, tout en restant attentive à l’évolution de la demande.

Michel Deketelaere, directeur scientifique de la filière CRC. - © D.R.
Michel Deketelaere, directeur scientifique de la filière CRC. - © D.R.

Ajouter au cahier des charges de la filière CRC une ligne « sans résidu de pesticides » ? L’idée fait son chemin au sein du Groupement d’intérêt économique CRC et de Caps Vert, société qui détient son référentiel technique. Fruit de réflexions menées lors d’assemblées générales de la structure, un chantier « SRP » est ouvert depuis 2019. Des tests grandeur nature ont même été menés, dès 2021. Sur la récolte 2022, trois organismes stockeurs ont joué le jeu : Ynovae, Val de Gascogne et Néolis. Une douzaine de producteurs, au total, ont été impliqués pour une production de 2710 tonnes de blé tendre, issus de 485 hectares. Des chiffres livrés en marge de l’AG de la filière, le 21 novembre.

614 molécules recherchées

« Nous ne laissons rien au hasard, affirme Michel Deketelaere, directeur scientifique de la filière. Nous avons mené une analyse de risque très poussée, avec un accent fort sur les possibles contaminations croisées des lots SRP. Limiter ces risques, c’est notamment faire de la sensibilisation et de la formation avec le personnel des silos et les agriculteurs. » Le plan d’analyse prévu par la filière compte 614 molécules et leurs métabolites. « Il s’agit de phytosanitaires de synthèse, mais aussi de produits utilisables en bio, de biocontrôle, et bien sûr les biocides de stockage », explique Michel Deketelaere.

Le marché n’est pas (encore) demandeur

Si le GIE CRC et Caps Vert estiment que les deux campagnes tests « sont de belles réussites », l’idée est, aujourd’hui de temporiser. « Faute de demande, et malgré la promotion faite auprès de nos acheteurs, cette production n’a pas trouvé son marché, constate Marc Bonnet, directeur général du GIE. Les blé tendres concernés ont été vendus sous l’étiquette CRC classique. » Une logique de prime a toutefois été mise en place pour les agriculteurs, définie par chacun des OS impliqués. La tonalité, autour de ce projet, est la suivante : gare à ne pas avoir raison trop tôt. L’année 2023 ne verra donc pas la mise en place d’une contractualisation pour les volumes CRC sans résidu de pesticide.

La filière CRC reste en veille

Pour Michel Deketelaere, la possibilité d’intégrer cette ligne dans le cahier des charges CRC n’est pas à l’ordre du jour, mais n’est pas écartée non plus. Il affirme par ailleurs que si la phase test a été pensée pour le blé tendre, il est tout à fait envisageable de la dupliquer au blé dur. La phase expérimentation devrait quant à elle être reconduite en 2023 par certains OS volontaires. Mais pas par Ynovae. Le directeur général de la coopérative, Jean-Luc Billard, précise : « Nous savons que nous sommes en mesure d’être dans les clous. Nous avons une expérience sur les blé infantiles, particulièrement exigeants, nous ne partions pas de zéro. Les coûts ne sont pas insurmontables pour une structure telle que la nôtre. » La coopérative entend donc « mettre en veille ce projet », tout en restant prête à déployer une filière sans résidu de pesticides quand le marché sera mûr.