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La filière maïs semence veut reconceptualiser le système d’assurance

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L’édition 2023 du Congrès du maïs, organisé les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand, avait pour thématique la gestion des risques. Un sujet qui a rythmé les échanges de l’événement, notamment autour de l’enjeu de la reconception du système assurantiel, alors que les aléas climatiques se multiplient et que les primes d’assurance connaissent de fortes hausses.

La filière maïs semence veut reconceptualiser le système d’assurance
La filière maïs semence veut reconceptualiser le système d’assurance

Rassurée par les résultats de l’année 2023, la filière maïs, réunie en congrès les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand, a consacré une grande partie des interventions à l’enjeu de la gestion des risques. « Le sujet de 2024, l’assurance, suscite des inquiétudes. Nous sommes très mobilisés sur cette thématique », résume Benoît Laborde, président de l’AGPM maïs semence. « La hausse du taux de subvention à 70 %, obtenue dans la réforme de l’assurance récolte, a été « bouffée » par celle des tarifs, de près de 50 % », fustige Sébastien Périssé, membre du bureau de l’AGPM maïs semence.

Des hausses de tarif, de 80 %, jugées insoutenables

Comme l’explique Benoît Dal, administrateur de Groupama d’Oc, lui-même multiplicateur de semences, cette évolution des tarifs découle de la multiplication des aléas climatiques. « En ce qui concerne l’assurance multirisques climatiques des récoltes (MRC), entre 2006 et 2011, pour 100 euros collectés, nous en reversions 80. Entre 2011 et 2016, ce rapport sinistre/indemnisation est passé à 100, puis à 120 entre 2016 et 2021. En 2022, ce chiffre était de 426 pour la filière maïs semence. Cette année-là, Groupama d’Oc a versé près de 225 M€ de subventions. » L’administrateur du groupe assurantiel confirme par ailleurs l’augmentation à venir de 80 % des cotisations. « L’assurance multi-risques est

incontournable, mais des hausses de ce type sont insoutenables, réagit Luc Saint-Bonnet, directeur général de Cérience. Nous sommes face à une impasse, nous devons trouver une solution collective. » Alors que la majorité des multiplicateurs de semences sont couverts par une assurance MRC, les représentants de la filière plaident pour une évolution du schéma assurantiel, afin de maintenir le niveau de couverture actuelle.

Redéfinir le contour de l’assurance de demain…

« Assurer demain comme nous le faisons actuellement va devenir impossible, appuie Benoît Dal. Il faut se mettre autour de la table pour reconceptualiser tout cela. » Ces discussions sont jugées d’autant plus nécessaires que cette hausse des tarifs pourrait rendre encore plus vulnérable les producteurs : « Nous allons subir un désintéressement de l’assurance, et nous allons donc brûler un atout en termes de sécurisation, souligne Jean-Bernard Testemale, président du Syndicat semences Pyrénées Côte Atlantique. C’est la première menace qui nous guette. »

… et faire aboutir la réforme de l’assurance récolte

Pour faire face à cette situation, la filière appelle, en premier lieu, à faire aboutir la réforme de l’assurance récolte, qui prévoit la constitution d’un pool d’assurances pour mutualiser les indemnisations. « La mise en œuvre de ce pool a pris une année de retard et est désormais attendue pour début 2025 », indique néanmoins Benoît Dal. La filière espère pour sa part pouvoir faire évoluer, une fois le dispositif en place, le cadre de la MRC, pour que les spécificités du maïs semence soient prises en compte. Une mission essentielle et impérative pour les représentants de la filière, afin d’assurer l’attractivité de la filière. « Cela doit être au centre de nos préoccupations, appelle Benoît Laborde. La gestion des risques est culturelle en maïs semence mais elle a pris, ces dernières années, une ampleur croissante », plaide-

t-il, en insistant une nouvelle fois sur le nécessaire renforcement du partage du risque.