La filière porcine avance vers l’alimentation multiphase et le label bas-carbone
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Face aux enjeux d’alimentation durable, l’institut technique du porc, Ifip, fait le point sur l’évaluation des impacts environnementaux de la filière porcine, malgré un contexte politique particulier.
Même si le Gouvernement n’est pas au rendez-vous des plans de filières, le secteur porcin suit sa feuille de route, élaborée dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation, pour monter en gamme. Tel était le message politique à retenir, le 2 juillet, du webinaire sur les impacts environnementaux des produits du porcs. Il était organisé par l’institut technique du porc (Ifip) et conclut par Didier Delzescaux, directeur général de l’interprofession Inaporc.
Au stade de la production, les leviers de réduction des impacts environnementaux sont connus : la production des intrants alimentaires, la conduite des animaux et la gestion des effluents. Avec de meilleures performances techniques, une alimentation plus adaptée, des déjections gérées dans des bâtiments avec une ventilation dynamique, un stockage couvert et un épandage par pendillards, les quantités d’azote rejetées peuvent diminuer de 45 % , les émissions d’ammoniac de 70 % et les émissions de gaz à effet de serre (GES) de près de 30 %.
Les bénéfices de l’alimentation biphase et bientôt multiphase
L’utilisation de matières premières plus écologiques, ou écoaliments, fondées notamment sur une meilleure valorisation des coproduits et des protéagineux, compte pour un tiers des réductions de GES (en utilisant la base de données Ecoalim). Les progrès techniques et environnementaux obtenus ces dernières années grâce à l’alimentation biphase, qui sépare la croissance de la finition, incitent la filière à viser une alimentation multiphase, qui s’adapte mieux au stade physiologique de l’animal et à l’objectif économique de l’exploitant. De plus, le gain environnemental semble s’accompagner d’une augmentation de la marge du producteur. En attestent deux essais menés par la Chambre d’agriculture de Bretagne sur la station expérimentale de Crécom (22) : « Nous avons pu confirmer un gain économique de l’ordre de 1€ par porc », appuie Bertrand Convers, responsable environnement chez COOPERL ARC ATLANTIQUE.
Un label bas carbone pour 2021
La montée en gamme doit s’appuyer sur une reconnaissance du travail effectué, par des labels, certifications ou encore signes de qualité. « Nous avons identifié 300 démarches au sein de la filière et voulons en extraire un message commun », explique Didier Delzescaux. Les cahiers des charges qualité sont revus et complétés. Une charte collective est en cours de rédaction. La filière vise aussi le label bas-carbone (voir notre dossier spécial dans le numéro de juin de Culture Agri). « Nous sommes en train de travailler sur une méthode de labellisation bas carbone pour les élevages porcins, explique Sandrine Espagnol, ingénieure d’études environnement à l’Ifip. Nous visons une soumission au ministère de la Transition écologique avant fin 2021. » Ce label pourrait valoriser les actions de réduction telles que l’augmentation des performances techniques, une alimentation basse teneur en protéine, le recours à des intrants alimentaires non associés à la déforestation, la méthanisation avec couverture nénuphar…L’exploitant pourrait ainsi gagner un revenu compris entre 2 000 € et 30 000 € sur cinq ans (pour un naisseur-engraisseur de 260 truies, avec une hypothèse de 30 € la tonne de CO2equivalent).