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Carbon agri, un second appel à projet attendu pour l’automne

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La filière d’élevage de ruminants a été la première à s’insérer dans le label bas-carbone lancé par le gouvernement le 23 avril 2019. 391 éleveurs sont partis dans l’aventure pour une économie de plus de 70 000 tonnes de carbone. Le point avec Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement à l’Institut de l’élevage, Idele.

Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement à l’Institut de l’élevage, Idele.  - © D.R.
Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement à l’Institut de l’élevage, Idele. - © D.R.

Le secteur de l’élevage était déjà fortement impliqué dans la réduction de son empreinte sur le climat avec les programmes Ferme laitière bas carbone et Beef carbon. Avec le label bas-carbone, la filière ruminants renforce sa démarche. C’est le premier secteur agricole à s’emparer de la valorisation permise par le label lancé par le ministère de la transition écologique en avril 2019. La méthode de calcul est actée et les premiers projets démarrent. Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement à l’Institut de l’élevage (Idele), nous explique la suite du dispositif

Référence agro : Où en êtes-vous du label bas-carbone ?

Jean-Baptiste Dollé : La méthode de calcul des réductions de gaz à effet de serre à l’échelle des exploitations, Carbon agri, a été validée le 30 septembre 2019 par le ministère de la Transition écologique. Elle est encore amenée à s’affiner, notamment avec les travaux des autres filières, comme l’agroforesterie et les grandes cultures, où les acteurs sont en train de mettre au point des compléments méthodologiques. Carbon agri s’applique à toute l’exploitation, dont l’atelier culture : nous affinerons ainsi la méthodologie avec les avancées en la matière. Nous avons également un certain nombre de sollicitations du secteur privé pour intégrer leurs solutions bas carbone dans les outils de calcul. Nous travaillons notamment avec Bleu-blanc-cœur sur la prise en compte des effets de certains aliments riches en lipides sur la réduction des émissions de méthane entérique.

Par ailleurs, les filières des petits ruminants et le secteur équin sont en train de rejoindre la démarche et des discussions sont également en cours avec les systèmes d’élevage hors sol, notamment le secteur avicole.

Enfin, nous devrions lancer un second appel à projets à l’automne. France carbon agri association, qui regroupe les représentants des éleveurs, a lancé un premier appel à projet auprès du ministère de la Transition écologique le 17 février : nous avons reçu 391 dossiers d’éleveurs émanant de 23 porteurs de projet. Nous ne pensions pas recevoir autant de demandes réparties sur l’ensemble du territoire : il y a une réelle volonté de faire connaître les efforts des agriculteurs en matière de réduction de gaz à effet de serre.

R.A. : Comment les agriculteurs vont-ils calculer la baisse des émissions de gaz à effet de serre ?

J.-B. D. : C’est d’abord une démarche volontaire des éleveurs qui s’engagent sur cinq ans. Les conseillers agricoles formés à l’outil de diagnostic CAP’2ER réalisent un état des lieux initial de l’exploitation. Ils analysent ensuite les pratiques que l’exploitant va mettre en place pour réduire ses émissions de GES et évaluent la baisse annuelle engendrée puis la réduction cumulée sur cinq ans. Au bout des cinq ans, un second diagnostic CAP’2ER est mis en oeuvre pour calculer les gains. Ensuite un auditeur externe est mandaté pour valider la baisse effective des émissions de GES et l’augmentation du stockage de carbone.

Dans le cadre du premier appel à projets, les diagnostics et les plans d’actions doivent être finalisés pour le 15 septembre 2020. France carbon agri association déposera ensuite un dossier complet rassemblant le collectif d’éleveurs au ministère le 15 octobre.

70 000 tonnes de carbone devraient être économisées par les pratiques des 391 éleveurs sur la période de cinq ans.

R.A. : Qui sont les acheteurs de crédits carbone ?

J.-B. D. : Nous avons signé le premier contrat avec la Caisse de dépôt et consignation, CDC. Elle souhaite compenser les 2 000 tonnes de CO2 émis par sa restauration collective.  Nous avons d’autres pistes : un Conseil régional, La Poste, une entreprise du monde du luxe et une autre du secteur bancaire, etc. Nous avons déjà en cours des dossiers pour un quart du tonnage de carbone en vente.