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La méthanisation pourrait créer des conflits de débouchés pour les pailles et l’alimentation animale

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Un rapport de FranceAgriMer compare les besoins de la filière méthanisation, si les projets en attente se concrétisaient, avec les gisements disponibles. Pour certaines matières première, l’agriculture française a de la marge. C’est moins vrai pour les résidus de céréales à paille et certains coproduits des industries agro-alimentaires, aujourd’hui destinés aux filières d’élevage.

La méthanisation pourrait créer des conflits de débouchés pour les pailles et l’alimentation animale
La méthanisation pourrait créer des conflits de débouchés pour les pailles et l’alimentation animale

Partant des chiffres collectés par l’Observatoire national des ressources en biomasse, ONRB, FranceAgriMer publie le 1er septembre une analyse sur la disponibilité des gisements agricoles susceptibles d’entrer dans l'approvisionnement des méthaniseurs. FranceAgriMer propose, en introduction, une estimation nationale de chaque type de matière première mobilisée à l’heure actuelle. Les effluents d’élevage arrivent en tête (55 %), devant les coproduits des industries agro-alimentaires (16 %), les Cive (13 %), assez loin devant les cultures principales (5,5 %) et les résidus de grandes cultures (2 %).

Plus de marge pour les effluents que pour les pailles

Ce travail a aussi valeur de projection : il ne concerne pas juste les sites en fonctionnement, il part du principe que les quelque 840 unités en projet en décembre 2021 verront bien le jour, et suit une approche par région à base de chiffres concrets ou estimés (1). Ainsi, pour les effluents d’élevage, des déficits sont relevés dans deux régions (Paca et Île-de-France), mais comblés par des flux interrégionaux. La plupart des autres régions utilisent en effet entre 10 % à 50 % de leurs propres « réserves ». Concernant les résidus de grandes cultures, des déficits sont structurels dans les régions d’élevage peu céréalières, en raison de la concurrence des litières pour les pailles, laissant même imaginer une tension au niveau national en cas d’année défavorable pour ces cultures.

Tensions possibles avec l’alimentation animale, selon FranceAgriMer

Au niveau des coproduits des industries agroalimentaires, un possible conflit avec le débouché alimentation animale pourrait émerger, comme le soulignait le Syndicat national des industriels de la nutrition animale (Snia) lors de son point presse de rentrée. Pour les pulpes de betterave, aujourd’hui réservées à 90 % à l’auge des animaux, certaines sucreries ont d’ores et déjà décidé de les flécher en partie vers la méthanisation pour améliorer leur bilan carbone. Si cette tendance se généralisait, l’alimentation animale pourrait ne plus compter que sur 18 % de ce gisement.

Les Cive implantées avant ou après les grandes cultures, enfin, représentent aujourd’hui 3 % des surfaces, ce chiffre oscillant régionalement entre 0 % (Corse, Pays de la Loire) à 11 % (Paca). Le rapport reste prudent sur les interprétations liées à ces chiffres, en l’absence d’une déclaration officielle des débouchés réservés aux cultures intermédiaires.

>> Consulter le document : Ressources en biomasse et méthanisation agricole : quelles disponibilités pour quels besoins ?

(1) Cinq régions ont des chiffres officiels : Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Normandie.