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Bio et sans-OGM, le secteur de l’alimentation animale challengé par la crise

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Alors qu’il a connu un recul de production historique sur le premier semestre 2022, le secteur de l’alimentation animale cherche à pérenniser ses débouchés. Les filières « durables » représentent un défi à part entière. Le Syndicat national des industriels de la nutrition animale, Snia, a fait le point, le 31 août.

Bio et sans-OGM, le secteur de l’alimentation animale challengé par la crise
Bio et sans-OGM, le secteur de l’alimentation animale challengé par la crise

Un recul « historique ». C’est ainsi que le Syndicat national des industriels de la nutrition animale, Snia, juge les -5,7 % de volumes produits par ses adhérents entre les premiers semestres 2021 et 2022. Un point presse organisé le 31 août a été l’occasion d’analyser ce chiffre, et d’aborder l’avenir du secteur de l’alimentation animale. Les dirigeants du Snia ont aussi proposé un focus sur les défis propres à leurs filières « durables ».

-10 % de production d’aliments pour les élevages bio

La production d’aliments à destination des filières bio ont connu un recul net de 10 % sur le le premier semestre 2022, tombant aux alentours de 325 000 tonnes. « Jusqu’à 2021, ces volumes étaient en progression constante, atteignant alors les 375 000 tonnes, retrace le vice-président du Snia, Ludovic Michel. Dans certaines régions de France, on stoppe les conversions, il y a même des déconversions. Nous subissons de plus une distorsion de concurrence au sein même de l’UE. » Le Snia dénonce ainsi la dérogation que plusieurs États membres ont autorisé, d’intégrer 5 % de produits « non-bio » dans les aliments, face à la crise. La France n’a pas fait ce choix. « Or ces 5 % concerne une part protéinée qui coûte cher ! Les fabricants français peinent à s’aligner », fustige Ludovic Michel.

Forte tension sur le marché du sans-OGM

Les filières « sans-OGM » rencontrent aussi des difficultés. L’Ukraine était un fournisseur important, notamment pour le tournesol. « Le marché est sous tension, commente François Cholat, président du Snia. La prime à la tonne, pour du sans OGM, est passée de 30 à 250 € ! » Pour certaines matières premières, les prix du bio est égalé, avec des perspectives de valorisation moindre. La question de la répercussion de ces montants auprès du consommateur se pose plus que jamais.

Dynamique porteuse pour le soja 100 % non-déforestant

La tonalité se veut plus optimiste concernant la garantie « sans déforestation ». Cet engagement est très ancré dans la filière via notamment la démarche Duralim. En février 2022, La coopération agricole nutrition animale et le Snia mobilisent leurs adhérents pour un approvisionnement en soja 100 % non-déforestant pour 2025, avec des paliers à 50 % fin 2022 et 75 % fin 2023. « À date, les signataires du manifeste posant ces ambitions représentent 85 % de la production nationale d’aliments composés », se réjouit Ludovic Clément. Le Snia espère faire figure d’exemple, et appelle à ce que cet engament volontaire soit protégé par des clauses miroirs, pour ne pas souffrir de la concurrence de soja importés moins chers, mais moins durables.

Quand la cuve de métha concurrence l’auge

Un autre enjeu de durabilité a été abordé par le Snia, a priori moins lié à l’alimentation animale : la méthanisation. Les cuves représentent une concurrence de plus en plus vive pour certains coproduits : « Les drêches de blé, maïs et orge, mais aussi les pulpes de betteraves, sont très courtisées par la filière méthanisation », constate Ludovic Clément, le vice-président du Snia. Le syndicat craint l’émergence de tension sur l’approvisionnement de ses industries sur ces matières premières riches en fibres.