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La pénurie de soja et de tournesol non-OGM pèse sur la filière avicole

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Le tournesol et le soja non-OGM disponibles sur le marché de l’alimentation animale se font rares, et une pénurie est envisagée avant la fin du printemps. Un constat qui suscite des questionnements de court et de moyen termes pour les filières avicoles, notamment sous labels de qualité, mettant en avant une alimentation sans OGM.

Bernard Tauzia, président du Synalaf. - © D.R.
Bernard Tauzia, président du Synalaf. - © D.R.

« C’est l’un des nombreux effets secondaire de la crise en Ukraine : le marché de la protéine végétale est perturbé », glisse Bernard Tauzia, président du Synalaf, le Syndicat national des labels avicoles de France. Ces filières se posent plus particulièrement la question du soja et du tournesol non-OGM, dont la disponibilité ne semble pas devoir durer au-delà du mois de mai. En effet, de nombreuses filières se sont engagées dans le sans OGM. « C’est une réalité pour certains signes de qualité, mais aussi pour certains produits « standard », notamment pour certaines marques de distributeurs qui suivent aussi cette voie », précise Bernard Tauzia.

« Nourri sans OGM », critère sur la sellette dans l’immédiat…

À ce jour, l’alimentation non-OGM n’est pas une ligne à part entière pour les filières avicoles Label rouge, rappelle le président du Synalaf. Reste que 70 % des cahiers des charges du label, en aviculture, affichent cette ambition, en plus du référentiel de base Label rouge, donc. « S’il n’y a pas la matière première, il faudra se rabattre sur de l’alimentation OGM, constate Bernard Tauzia, fataliste. Les filières mettant en avant cet engagement devront revoir leur étiquetage. » Il reste difficile, à ce stade, de mesurer l’impact qu’aura la perte du critère « nourri sans OGM » sur le comportement du consommateur vis-à-vis des produits concernés, quand la pénurie interviendra.

…et en question sur le moyen terme

Au-delà des aléas à gérer dans l’immédiat, cet épisode fait planer un point d’interrogation sur la possibilité, à l’avenir, de faire du « sans -OGM » un critère à part entière du Label rouge. C’est notamment le souhait de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) et du Synalaf. « Il existe une volonté politique d’aller dans cette direction, commente Bernard Tauzia. Cela reste une perspective intéressante pour le label, mais clairement, l’actualité nous incite malheureusement à imaginer un calendrier plus souple pour cette ambition. » Selon lui, la crise actuelle met aussi en avant le besoin d’accompagnement public sur cet enjeu : « Des filières de protéines françaises non-OGM se créent, mais sont pour le moment insuffisantes pour garantir le besoin actuel et le prix de ces protéines pose aussi question », conclut-il.