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La Russie ne renouvelle pas le corridor céréalier en mer Noire

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Le 17 juillet, la Russie n’a pas renouvelé son accord pour permettre l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire. Une suspension qui a conduit à de nombreux mouvements sur les marchés cette semaine. Pour l’Ukraine, différents plans B devraient être activés.

La Russie ne renouvelle pas le corridor céréalier en mer Noire
La Russie ne renouvelle pas le corridor céréalier en mer Noire

Le corridor céréalier, mis en place le 22 juillet 2022 pour faciliter l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire, et reconduit deux fois depuis, n’a pas été prolongé le 17 juillet 2023 par la Russie : le Kremlin exigeant la levée de certaines sanctions à son égard, notamment pour l’exportation d’ammoniac et au niveau bancaire. « Le jour même, le marché n’a finalement que peu réagi à cette décision, constate Sébastien Poncelet, consultant chez Agritel. Un sursaut éphémère de 5 à 6 €/t à l’ouverture des places boursières qui s’est vite essoufflé dans la journée. Cela faisait un mois que, quotidiennement, la Russie diffusait des déclarations allant dans ce sens : les marchés avaient anticipé cette décision. Et puis, depuis un mois, force est de constater que ce corridor tournait au ralenti. Alors, passer d’un flux de « pas grand-chose » à « rien », aura au final peu d’impact. Nous ne sommes pas dans le contexte de février 2022 où l’Ukraine était en pleine campagne d’exportation. Depuis, le pays a su mettre en place des alternatives efficaces, par la route ou le train. » En revanche, les frappes aériennes sur Odessa qui ont suivi cette annonce amènent un élément de tension sur les marchés. Le 19 juillet, le cours du blé sur Euronext a ainsi retrouvé son plus haut niveau depuis trois mois, tout comme le maïs d’ailleurs. Une nouvelle page d’incertitude semble s’ouvrir sur les marchés, sans pour autant atteindre le niveau de février 2022.

30 Mt de céréales à exporter cette année depuis l’Ukraine

En un an, le corridor a permis l’exportation de 32,8 Mt de céréales. La route et le train ont, sur la même période, acheminé près de 14 Mt, contre quasiment zéro avant l’entrée en guerre. « Ces tonnages sont acheminés en Europe soit pour être consommés ou pour être exportés via des ports européens ou ukrainiens, depuis le Danube », précise Sébastien Poncelet. Pour cette campagne, la production ukrainienne est attendue aux alentours de 50 Mt, contre 74 Mt en moyenne avant la guerre. Et sur ces tonnages, 36 Mt seront exportées, contre 51 Mt en moyenne avant le conflit. Un seuil d’exportation un peu plus élevé du fait d’une consommation intérieure moins importante depuis un an : de nombreux ukrainiens ayant fui leur pays. « La production est donc attendue en recul de 30 %, due notamment à la baisse des surfaces et au manque d’intrants. Mais heureusement, le climat a été très favorable en Ukraine cette année », constate-t-il.

Campagne à venir incertaine

Pour les semaines et mois à venir, tout dépendra de la décision de la Russie de revenir, ou non, sur cet accord. Le poids de ses alliés, Chine et pays d’Afrique en tête, pourrait peser dans la balance : eux ayant besoin de ce blé ukrainien pour nourrir leurs populations. À l’échelle internationale, le flou persiste donc pour la suite de la campagne. Du côté de la Commission européenne, la présidente, Ursula von der Leyen, a fermement condamné la décision de la Russie, avant d’assurer que les corridors de solidarité entre l’Ukraine et l’UE « continueront d’exporter les produits agroalimentaires ukrainiens vers les marchés mondiaux. »