L’AGPB appelle le Gouvernement à revoir la géopolitique du blé
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L’association générale des producteurs de blé s’inquiète du contexte géopolitique sur le marché des céréales. Le positionnement de la Russie a bousculé le commerce mondial. L’AGPB demande au gouvernement de changer sa stratégie.
« Le marché des céréales est bousculé par la géopolitique », insiste Philippe Heusèle, secrétaire général de l’association générale des producteurs de blé, AGPB, lors d’un point presse le 21 septembre. La guerre en Ukraine, l’interventionnisme russe en Afrique et l’élargissement de l’alliance des BRICS bouleversent les fondamentaux du marché et présagent d’une recomposition totale du commerce international, estiment les céréaliers.
Se repositionner en Afrique
L’attitude de la Russie, qui a décidé de faire des céréales une arme alimentaire, en s’octroyant la liberté de brader les prix, inquiète l’AGPB. « Cette année, la Russie devrait réaliser une bonne récolte, à 89,6 millions de tonnes, avec des stocks importants : elle confirme ainsi sa capacité à en faire une arme diplomatique, poursuit Philippe Heusele. Sur la campagne 2022-23 elle a exporté pas moins de 48,1 Mt en se déjouant des marchés classiques pour assoir son influence auprès des pays tiers. Un blé bradé qui a remporté tous les premiers appels d’offres des pays tiers face à un blé français mécaniquement moins compétitif. La construction des prix échappe désormais à la libre concurrence, nous ne sommes plus dans un marché mondial géré par l’OMC. » L’AGPB demande au gouvernement de renforcer sa politique, notamment en Afrique, pour nouer des partenariats commerciaux. « Il faut que nous nous retrouvions autour de la table pour définir la stratégie sur l’exportation des céréales pour les trente prochaines années », explique Eric Thirouin, président de l’AGPB. 4 à 6 millions de tonnes de céréales françaises sont commercialisées avec le Maghreb et près de 2 Mt en Afrique Subsaharienne. « Les céréales, c’est la paix dans le monde », insiste Eric Thirouin.
Des prix en nette baisse
Une nécessité de se repositionner dans le monde d’autant plus importante que la situation économique des céréaliers n’est pas au beau fixe, selon l’AGPB. « Certes, la collecte a été bonne mais les revenus ne sont pas au rendez-vous », poursuit le président. Les estimations d’Agreste du 14 septembre font état d’une collecte de blé tendre de 35,02 millions de tonnes (+2,7 %), 1,23 Mt de blé dur (-1,9 %), 9,6 Mt en orge d’hiver (+ 8,9 %) et 2,6 Mt en orge de printemps (-2,1 %). Or, en un an, le cours du blé a baissé de près de 200 €/t passant de 410 €/t à 225 €/ t à fin mai 2023, selon Euronext. « Nous sommes revenus aux prix d’avant Covid et de guerre en Ukraine, indique Eric Thirouin. Ils ne sont pas bons. » Dans le même temps, les charges ont augmenté de 15 % entre 2022 et 2023, et de 37 % entre la moyenne 2017-2021 et 2023. « Nous allons nous trouver désormais en dessous du prix d’intérêt à cultiver du blé », se désole le président.