L’avenir du blé français sur le marché algérien
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Malgré le changement de cahier des charges de l’Algérie pour ses achats de blé, les exports français ne devraient pas être menacés. Si la part de marché de la France risque d’être moindre cette année sur ce marché, c’est avant tout lié à son moindre volume exportable après la mauvaise récolte.
Les exportateurs français craignaient depuis plusieurs mois que l’Algérie modifie son cahier des charges pour l’achat de ses céréales, c’est désormais chose faite. Elle a abaissé les seuils des dommages causés par les insectes à 0,5 % pour les blés de 12,5 % de protéines. Celui pour les blés de 11 % de protéines reste inchangé à 0,1 %. En réalité, cela ne devrait pas trop menacer les origines françaises. « La Russie ne pourra pas atteindre les 0,1 % de blé punaisés. Le blé tendre français devrait continuer à s’exporter et le changement de cahier des charges devrait avoir peu d’impact », rassure Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer, à l’issue du conseil spécialisé grandes cultures le 14 octobre. La vraie incertitude sur le débouché algérien concerne le volume exportable par la France. Certes FranceAgriMer a rehaussé les prévisions d’export de blé tendre vers les pays tiers de 100 000 t ce mois-ci, grâce au regain de compétitivité face aux origines mer noire, mais la collecte reste très inférieure à celle de l’an passé. Les prévisions ont été abaissées de 300 000 tonnes ce mois-ci.
L’Algérie moins présente mais forte demande chinoise
La France est d’ailleurs moins présente sur le marché algérien ces trois premiers mois de campagne par rapport à l’an dernier. « Sur la campagne 2019/2020, 64 % du blé tendre français avait été acheté par l’Algérie entre août et octobre, contre à peine un tiers des volumes cette campagne », constate Marion Duval, adjointe au chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer. L’autre nouveauté : l’appétit de la Chine pour le blé tendre français, puisqu’elle pèse pour 28 % des ventes, contre 6 % l’an passé.
Ce pays est aussi très présent sur le marché de l’orge. Il a, à ce jour, acheté 96 % des volumes exportés par la France, soit 1,1 Mt. « Avec un acteur comme la Chine, il est difficile de savoir si cette orientation s’inscrira dans le moyen terme », souligne Marc Zribi. Parmi les facteurs qui peuvent faire que la Chine continue de renforcer ses stocks de céréales, l’expert cite « les incertitudes sur la reprise de l’économie mondiale et l’évolution des tensions commerciales qui durent depuis deux ans, avec des tarifs de douane prohibitifs de la part de la Chine sur certaines origines, comme l’Australie ».