Le pois et la féverole face à la nécessaire structuration de leur filière
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Alors que le plan protéines tarde à être publié, tous les acteurs de filière protéagineuse, de la recherche aux organismes stockeurs en passant par les semenciers, s’étaient donnés rendez-vous au carrefour « pois et féverole », organisé le 19 novembre à Paris. Malgré leurs intérêts agronomiques et environnementaux, les protéagineux, et plus spécifiquement le pois et la féverole peinent à décoller en terme de surface : 400 000 ha aujourd’hui. « Nous devons viser un doublement des surfaces d’ici à 10 ans, estime David Gouache, directeur adjoint de Terres Inovia. Trois axes de travail sont à développer. D’abord, pousser l’utilisation de semences certifiées, car si nous sommes en capacité de répondre à de nouveaux marchés, c’est aussi grâce aux investissements réalisés par les semenciers dans l’innovation variétale. Nous devons aussi favoriser une approche plus systémique pour l’autorisation des produits de protection des plantes et enfin, aller chercher des financements publics ».
Semenciers, OS et transformateurs engagés
Organismes stockeurs et transformateurs ont leur rôle à jouer dans le déploiement de ces cultures. L’entreprise Roquette transforme du pois depuis les années 2000, mais a vu ses approvisionnements menacés par la baisse des surfaces cultivées ces dernières années. Dans le même temps, les besoins de ses clients ont évolué, se dirigeant de plus en plus vers l’alimentation humaine.
« Il y a deux ans, nous avons sollicité les organismes stockeurs, les semenciers, les instituts techniques et l’interprofession pour bâtir une fusée filière, rappelle Gwénolé Pasco du groupe Roquette. En 2017, l’entreprise a bâti un cahier des charges avec Acolyance, désormais Cérésia, qui possède un silo à quelques mètres seulement de l’usine de transformation de pois. « Les agriculteurs de notre région ne cultivaient quasiment plus cette espèce. La première année, nous avons produit pour Roquette 4 000 tonnes de pois de printemps et aujourd’hui, entre 10 000 et 15 000 tonnes », explique Valentin Seguin, de Cérésia.
Les agriculteurs retrouvent un intérêt économique à produire du pois. La coopérative rémunère ceux qui s’engagent dans le cahier des charges Roquette avec une prime de 20 à 40€ par tonne, dont une partie est dédiée à l’usage de semences certifiées. Le modèle est reproductible, puisque Cérésia l’a dupliqué en créant une filière similaire avec un autre industriel pour les pois d’hiver. « Ce n’est qu’en travaillant ensemble, en filière que nous arriverons à redevelopper ces cultures », conclut Valentin Seguin.