Les filières tirent profit de la multiplication des signes de qualité
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Le foisonnement des signatures durables a la réputation peu flatteuse de créer la confusion auprès du consommateur. Un poncif battu en brèche, ou du moins nuancé par les intervenants d’une table ronde organisée par Inrae, le 13 avril, en marge de la restitution de l’étude « Agroécologie & marchés ».
Toujours plus de signes de qualité : une source de confusion et de problèmes de compréhension, susceptibles de perdre le consommateur ? Ce point de vigilance est très fréquemment mis en avant par les observateurs du marché alimentaire, mais aussi par certains acteurs de ce marché. La restitution de l’étude « Agroécologie & marchés », par Inrae, le 13 avril, a offert des perspectives différentes.
Davantage de signes de qualité, c’est plus d’enjeux traités
Sébastien Bouvatier, adjoint au sous-directeur de la performance environnementale au ministère de l’Agriculture, explique : « Les démarches agroécologiques sont par essence un moyen de différenciation, il est donc parfaitement normal qu’elles créent une diversité. Je n’y vois pas une mauvaise chose, d’autant que le travail d’Inrae montre bien que ces démarches focalisent, pour la plupart, sur un seul objectif par souci de clarté. Il en faut donc beaucoup pour couvrir l’ensemble des enjeux de la durabilité. » Il ajoute que cet atout est d’autant plus précieux que certains critères vertueux sont contradictoires entre eux, comme le montre la difficulté de créer un affichage environnemental.
Un possible cumul pour les agriculteurs
Lors de la présentation, Marie-Benoît Magrini, ingénieure de recherche Inrae, estimait que la diversité des mentions agroécologiques était « un facteur de résilience pour les filières ». Sébastien Bouvatier a rebondi et explicité cette hypothèse : « Davantage de signes de qualité, c’est la possibilité pour les producteurs de les additionner. 10 % des fermes HVE sont aussi labellisées en bio. C’est une histoire plus »intéressante« à raconter, et un levier de valorisation supplémentaire. »
« Mieux vaut trop que pas assez, a de son côté réagi Florence Pradier, DG de La Coopération agricole. Toutes les filières ne sont pas en mesure de progresser à la même vitesse sur tous les aspects. » Plus de signatures permettaient donc d’entraîner des agriculteurs de tous les secteurs, dans une période où l’objectif est de massifier les bonnes pratiques.
Clarifier aussi la valeur des standards de base
Au-delà de ces points positifs, les intervenants n’ont pas nié la question de la perception du consommateur, au contraire. Tous indiquent qu’il est important de clarifier au mieux les promesses de chaque signature. Florence Pradier, elle, voit plus loin et identifie un autre phénomène est à surveiller : la dépréciation, indirecte, des produits conventionnels. « L’abondance des cahiers des charges peut donner l’impression qu’aucune mention, c’est suspect, explique-t-elle. Les consommateurs ont tendance à ne pas se rendre compte de la qualité de nos standards de base. »