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Export à la baisse et concurrence accrue pour le blé français

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Avec une production de blé tendre estimée par Agritel à seulement 29,2 Mt, dont 13,2 Mt exportables, la France se dirige vers une campagne de commercialisation bien différente de celle de l’an passé. Ses principaux concurrents sont au rendez-vous et sont compétitifs, alors que la demande, elle, pourrait se montrer plus timide, Covid oblige.

Export à la baisse et concurrence accrue pour le blé français
Export à la baisse et concurrence accrue pour le blé français

La France vient de réaliser sa deuxième plus faible récolte de blé tendre de la décennie, et il se pourrait que la campagne de commercialisation à venir ne soit pas des plus satisfaisantes. « Notre estimation de la collecte de blé tendre s’élève à 29,2 Mt. C’est une perte pour la filière, pour les producteurs comme pour les OS », estime Nathan Cordier, analyste chez Agritel, lors d’une conférence de presse le 26 août.

Concurrence accrue de la plupart des exportateurs

Plus généralement, l’Union européenne ne réalise pas une bonne moisson. Ce qui n’empêche pas la concurrence d’être forte, notamment en provenance des pays baltes dont la récolte atteint des sommets avec plus de 9 Mt. Plus à l’Est, la Russie devrait signer la deuxième plus belle récolte de son histoire, après celle de 2017. « Nous nous attendons à une baisse des rendements sur la Sibérie et l’Ouest mais cela ne suffira pas à faire baisser le niveau de la collecte, qui devrait dépasser les 80 Mt », indique Nathan Cordier. Agritel chiffre son potentiel exportable à 38 Mt, et celui de l’Ukraine à 17,5 Mt, légèrement en repli. Sur les autres continents, le Canada devrait aussi conclure une très belle récolte, comme l’Australie qui balaye deux campagnes marquées par de fortes sécheresses. « Le potentiel de production atteint 31 Mt, soit le double de la précédente campagne. L’Australie va reprendre sa place de grand exportateur et challenger les autres sur l’Asie », considère l’analyste d’Agritel. En revanche, la météo pénalisera surement les rendements du côté de l’Argentine.

Demande mondiale en retrait sous l’effet du Covid

Cela devrait globalement amener la production mondiale à rester stable. Les échanges mondiaux eux, devraient marquer le pas par rapport à l’an passé, très largement touchés par la crise liée à la Covid-19. « Les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui sont les principaux acheteurs de blé tendre, produisent du pétrole, dont le prix baisse, et vivent du tourisme. Ils pourraient réduire ou ne pas augmenter leur demande », déclare Nathan Cordier. En lien avec sa faible production, la France se dirige vers une petite campagne d’exportation, en contraste avec celle record de l’an passé et des 13,5 Mt exportées vers les seuls pays tiers. Agritel prévoit un potentiel de 13,2 Mt pour 2020/2021 : 6,3 Mt vers les pays tiers, 6,7 Mt vers l’UE et environ 200 000 tonnes à destination des départements d’Outre-Mer et sous la forme de farine.

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la quantité de blé tendre français exportable vers les pays tiers

« Des grosses questions se posent autour de la demande algérienne, timide jusqu’à présent. Le blé français n’est pas compétitif par rapport aux pays baltes, à la Pologne ou l’Allemagne »

Export à la baisse et concurrence accrue pour le blé français - © D.R.
Export à la baisse et concurrence accrue pour le blé français - © D.R.

Nathan Cordier

Analyste chez Agritel

Incertitude algérienne et espoirs chinois

« Des grosses questions se posent autour de la demande algérienne, timide jusqu’à présent. Le blé français n’est pas compétitif par rapport aux pays baltes, à la Pologne ou l’Allemagne », constate Nathan Cordier. À l’image des derniers appels d’offre du Gasc, la Russie reprend la main sur le marché égyptien, laissant peu d’espoir à la France. La dépréciation des monnaies de ses concurrents pénalise le blé français à l’export, tout comme la parité euro/dollar qui s’est raffermit de 6 % depuis la fin juillet, « il faut remonter à 2001 pour retrouver une telle réévaluation ». L’espoir réside peut-être en Chine qui, depuis un an, du fait de ses relations tendues avec bon nombre de producteurs mondiaux, se tourne vers le blé français. L’exportable vers ce pays est estimé par Agritel à 1,15 Mt. « Les objectifs sont faibles sur les pays tiers, mais la demande est très forte de la part de la Chine en ce début de campagne. Nous pourrions atteindre les 1,1 Mt exportées vers les pays tiers fin août, la campagne n’est donc pas en retard », considère Nathan Cordier.