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Ne pas industrialiser la méthanisation, seul consensus pour les syndicats agricoles

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Lancée début mars, la mission d’information sénatoriale sur la méthanisation a auditionné, le 30 mars, les représentants des organisations syndicales agricoles. Si elles s’accordent contre son l’industrialisation, les structures s’opposent encore sur les modalités de développement de la filière.

Ne pas industrialiser la méthanisation, seul consensus pour les syndicats agricoles
Ne pas industrialiser la méthanisation, seul consensus pour les syndicats agricoles

Après avoir entendu des représentants des énergies renouvelables et de l’industrie gazière, les membres de la mission d’information sénatoriale sur la méthanisation ont donné la parole aux syndicats agricoles, le 30 mars. Objectif : avoir leur avis concernant les conditions, et la faisabilité, d’un développement raisonné de la méthanisation. « On voit que la question fait débat ! », conclura, au terme de deux heures de séance, le rapporteur de la mission, Daniel Salmon. En effet, les avis divergent. Du côté de la FNSEA, le développement de la méthanisation est plutôt vu d’un bon œil. « Cela représente une véritable plus-value pour les exploitations, et pas que sur le plan économique, il ne faut pas en avoir peur », plaide Olivier Dauger, en charge des questions climatiques à la FNSEA. Pour le syndicat, la méthanisation représente une possibilité de complément de revenu pour les agriculteurs mais aussi un outil pour faire face au changement climatique. « La sortie du fossile est actée, nous avons besoin de nouvelles énergies », poursuit l’élu FNSEA.

Doutes sur l’impact des digestats

Une position à laquelle s’oppose la Confédération paysanne, qui a demandé début janvier, au ministère de la Transition écologique, un moratoire sur la méthanisation. « Ce n’est pas une bonne solution d’adaptation au changement climatique, pose Georges Baroni, pour la Confédération paysanne. La méthanisation est loin d’avoir une analyse de cycle de vie (ACV) vertueuse en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. » Le syndicat est également plus que partagé quant à l’impact de l’épandage de digestats sur la biodiversité et la fertilité des sols. Seul modèle souhaitable de développement pour la Confédération paysanne : la micro-méthanisation à la ferme. « Nous travaillons avec l’école supérieure agronomique de Toulouse et des groupes d’agriculteurs pour construire un micro-méthaniseur d’une capacité de 10 kWh, explique Georges Baroni. Cela peut paraître limité mais c’est suffisant pour chauffer une serre ou sécher de la luzerne. »

Eviter les effets d’aubaine

Les sénateurs de la mission d’information pourront néanmoins s’appuyer sur un point de consensus, exprimé par les syndicats : la méthanisation doit rester aux mains des agriculteurs. « Nous ne sommes pas contre la méthanisation, mais ces projets doivent être raisonnés agronomiquement, résume Christophe Chatet, pour Jeunes Agriculteurs. Nous devons éviter le développement d’unités gigantesques qui pourraient échapper à l’agriculture et prendre une dimension industrielle. » Globalement, les représentants des syndicats, hors Confédération paysanne, se prononcent en faveur de projets portés par des petits groupes de 3 à 6 agriculteurs. « Nous devons encore caler les conditions du développement de cette filière, pour éviter les effets d’aubaine, c’est pour cela que nous avons accepté une baisse de 2 % du tarif du gaz renouvelable, indique Olivier Dauger, également co-président de France Gaz Renouvelable. Nous devons éviter une situation où l’agriculture ne serait qu’un exutoire de matières premières.

De futures auditions sont d’ores et déjà à l’agenda des sénateurs de la mission d’information : des scientifiques début avril et les ministres en charge de l’agriculture et de la transition écologique, à la mi-mai.