Néonicotinoïdes, Terres Inovia insiste sur le rôle du colza pour les pollinisateurs
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Un arrêté du 6 janvier limite les conditions de semis de colza après l’implantation de semences de betteraves sucrières protégées par deux néonicotinoïdes. Dans ce cadre, Terres Inovia insiste sur l’importance du colza pour l’alimentation des pollinisateurs et la nécessité de pouvoir semer dès 2023.
Représentant 9 % de la production nationale de miel, le colza est en surface la première grande culture mellifère en France. Une situation sur laquelle insiste l’institut technique des huiles et protéines végétales, Terres Inovia, dans un communiqué diffusé au lendemain de la publication, le 6 janvier, d’un arrêté permettant aux betteraviers de déroger en 2021 à l’interdiction d’utilisation de deux néonicotinoïdes. Ces dérogations sont conditionnées à l’implantation de cultures les années suivantes, pour limiter l’exposition des pollinisateurs à d’éventuels résidus de ces produits. « En laissant la possibilité de cultiver du colza en année N+2 (2023), sous condition de la mise en place de mesures d’atténuation et d’un avis favorable de l’Anses, cet arrêté reconnaît le rôle essentiel du colza dans le bol alimentaire des pollinisateurs », se félicite la structure. L’arrêté prévoit des semis de colza en 2024, mais la mise en œuvre de ces mesures d’atténuation*, encore en attente de validation par l’Anses, pourrait permettre d’avancer ces semis d’une année, espère Terres Inovia.
Des observations terrain concluantes
« Repousser la culture du colza en année N+3 se traduirait par la disparition de plusieurs milliers d’hectares en 2023, donc par une forte pénurie de ressources alimentaires pour les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages », réagit le président de l’institut technique, Gilles Robillard. D’autant plus que les surfaces sont déjà sur une pente glissante, en raison du changement climatique et du retrait de plusieurs substances actives : de 1 600 000 ha en 2018, elles sont passées à 1 050 000 ha en 2020 et sont attendues à 950 000 ha en 2021. « Ce qui pose déjà des difficultés pour l’alimentation des pollinisateurs », souligne le communiqué. Pour soutenir sa position, Terres Inovia rappelle qu’en 2020, la qualité des miellés a été jugée satisfaisante par les apiculteurs dans la moitié nord de la France, où 90 000 hectares de colza ont succédé à une betterave sucrière protégée par des néonicotinoïdes en 2018. De son côté, Arnaud Rousseau, le président de la FOP, a lancé un appel « à la responsabilité collective » afin de faire reconnaître la culture du colza en N+2.
*implantation d’un mélange composé d’au moins 50 % d’une variété précoce à floraison de type Es Alicia ou d’une variété équivalente, sur une surface représentant au moins 10 % de la sole de colza de l’exploitation concernée et sur laquelle n’ont pas été cultivées des betteraves traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxam au cours des trois années précédentes.