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Nestlé, des premiers contrats « régénération des sols » attendus pour 2022

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Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, Nestlé actionne le levier agricole. La marque souhaite placer son approvisionnement français sous le signe de la régénération des sols. Une démarche globale qui mobilise notamment cinq coopératives et négoces à ce stade. Pour les agriculteurs pilotes de la démarche, des premiers contrats spécifiques seront signés en 2022.

Copyright Sols Vivants - © D.R.
Copyright Sols Vivants - © D.R.

Quand un groupe de la dimension de Nestlé s’engage dans une démarche bas carbone, c’est tout un écosystème qui se met en action. La marque s’est donnée des objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre à horizon 2025 (-20 %) et 2030 (-50 %), sur la route de la neutralité carbone visée pour 2050. Pour le groupe, la France est pionnière sur cet enjeu. « L’agriculture, qui représente deux tiers de nos émissions, est surtout le meilleur levier de stockage du carbone, précise Pierre-Alexandre Teulié, directeur général communication et RSE de Nestlé France. Logiquement, c’est de ce côté que nous nous tournons en priorité. »

Cap sur la régénération des sols pour Nestlé

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Nestlé, des premiers contrats « régénération des sols » attendus pour 2022 - © D.R.
Nestlé, des premiers contrats « régénération des sols » attendus pour 2022 - © D.R.

Pierre-Alexandre Teulié, directeur général communication et RSE de Nestlé France.[/caption]

En 2018, Nestlé France se tourne vers ses bassins d’approvisionnement principaux, les Hauts-de-France et le Grand-Est, et intègre le projet Sols vivants, pour lequel Nestlé est partenaire de la fondation Earthworm. L’objectif est de remettre la santé des sols au cœur des systèmes agricoles pratiqués dans ces bassins d’approvisionnement, en accélérant la transition vers l’agriculture dite régénératrice. Pour donner à la démarche une dimension entrepreneuriale, l’ensemble du comité directeur, ainsi que le PDG de Nestlé Europe, suivent une formation sur la régénération des sols dispensée par l’Isara Lyon.

Cinq organismes stockeurs approvisionnant Nestlé sont mobilisés : Carré, Noriap, Vivescia, Uneal et Soufflet. Nestlé et Earthworm leur proposent une formule « d’appui-conseil » fournie par le cabinet Icosystème, spécialisé dans le conseil et la formation agricoles. L’apport d’Icosystème se traduit, suivant les besoins de chaque OS, par du conseil stratégique pour accélérer la transition vers l’agriculture régénératrice et/ou du conseil technique : formation des technico-commerciaux, réalisation d’événements autour des sols, formation aux agriculteurs. « L’idée est de laisser les coopératives et négoces au centre du jeu, précise Arnaud Richard, directeur général d’Icosystème. Nous ne sommes là que pour donner une impulsion. »

Accélérer la transition dès 2022

En parallèle à ce mouvement de fond, quelque 400 agriculteurs pionniers sont déjà dans une phase plus avancée. « Certains de ces agriculteurs ne passent pas par la case « OS », précise Pierre-Alexandre Teulié. Pour les pommes de terre qui alimentent notre usine Mousline, nos interlocuteurs directs sont les producteurs. » Pour les agriculteurs engagés, les premiers contrats passés avec Nestlé dans le cadre du projet Sols vivants sont attendus pour la récolte de 2022. Même si l’agriculture de régénération des sols peut mettre du temps avant de donner sa pleine mesure en termes de bilan carbone, Nestlé veut soutenir financièrement la transition, « car les risques liés au changement de pratiques n’attendent pas », souligne Pierre-Alexandre Teulié.

Il est naturellement trop tôt pour partager le résultat des discussions commerciales en cours, le support concernera les agriculteurs comme les OS. Ceux-ci doivent également investir dans ce changement, pour des aspects logistiques ou de compétences des équipes. « L’idée est de co-constuire un modèle durable », insiste Pierre-Alexandre Teulié. Pour lui donner une ampleur encore plus importante, Nestlé et Earthworm avancent sur un autre front, en discutant avec d’autres industriels. « La régénération des sols ne dépend pas seulement des pratiques mises en œuvre sur une seule culture, mais bien des pratiques à l’échelle de l’exploitation et sur toutes les rotations successives, rappelle Anne-Sophie Leroy, consultante pour Earthworm. L’idée est donc de faire également contribuer au changement de pratiques les acheteurs des autres productions de la ferme. »

Construire des schémas de filières innovants

D’autres leviers sont à l’étude. Sols vivants espère générer 50 M€ d’incitations à horizon 2025 grâce à la mobilisation d’entreprises des Hauts-de-France, issues des filières agro-alimentaires ou non. « Nous restons attentifs aux opportunités potentielles liées au dispositif du label bas carbone, glisse Anne-Sophie Leroy. Nous travaillons à la construction de schémas de filières innovants, mais aussi à la création d’outils financiers permettant d’appuyer la transition des différents acteurs de la chaîne de valeur, en combinant des financements publics, de l’investissement privé, tout en favorisant la rémunération possible des services environnementaux. »