« Nous subissons le coût de nos matières premières », François Cholat, président du Snia
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Lors d’un point initialement organisé à l’occasion des 50 ans du Snia, les représentants de la filière de nutrition animale ont alerté sur la hausse continue du prix des matières premières. Dans ce contexte économique tendu, ils en appellent à la prudence sur le développement de certains segments, comme le « non OGM ».
L’inquiétude était de mise lors du point organisé par le Snia, le 2 septembre, à l’occasion des 50 ans du syndicat national de l’industrie de la nutrition animale. En cause ? La hausse du prix des matières premières, et sa conséquence sur les coûts d’alimentation des animaux d’élevage. « Nous n’avions pas vu venir cette augmentation, qui s’est accéléré au lors du premier semestre 2021, constate François Cholat, le président du Snia. Nous subissons nos matières premières. » La situation est la même pour toutes les matières premières valorisées en alimentation animale, et concerne également des micro-ingrédients comme les acides aminés et les additifs. Résultat : une hausse moyenne du prix de ces matières premières de l’ordre de 30 % sur les douze derniers mois. Plus précisément, entre juillet 2020 et 2021, les cours du tourteau de soja ont progressé de 27 %, ceux du blé de 11 % et ceux du maïs de 50 %, engendrant un surcoût alimentaire de plus de 30 % en volailles et d’environ 15 % en porcs. « A l’heure où il est demandé d’investir lourdement pour répondre aux attentes sociétales, la rentabilité des activités économiques est un préalable, il faudra accepter de payer le juste prix », poursuit le président du Snia. Les espoirs du syndicat se portent ainsi sur la loi Besson Moreau (Egalim 2), qui doit être examinée au Sénat mi septembre, afin que cette hausse des coûts soit répercutée sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ralentir le développement du « sans OGM »
Certains segments sont plus durement touchés. C’est le cas des filières « nourris sans OGM », dont le nombre augmente régulièrement, et bien plus rapidement que la disponibilité en soja. « Nous craignons une situation de rupture en novembre pour le soja sans OGM », admet Philippe Manry, vice-président du Snia. Si les importations permettaient les années précédentes de combler le manque, la hausse de la demande au niveau européen et la diversification croissante de l’approvisionnement à l’international tendent le marché. La prime non OGM est ainsi passé de 75€/t en 2019 à 290 €/t en juin 2021. Une envolée qui se traduit, selon l’Itavi, par une hausse du prix de revient de 5,9 % pour la volaille standard, 5,4 % pour le poulet label rouge, 8,7 % pour la dinde.
Face à cette situation, le Snia appelle à tempérer le développement de filière « nourri sans OGM », dont l’attrait ne se dément pas. « Nous demandons un ralentissement du développement des cahiers des charges « sans OGM », car ils ne pourront être satisfaits, afin d’assurer plutôt ce qui est déjà en place », plaide François Cholat. Trois réunions ont déjà eu lieu entre le syndicat et l’INAO à ce sujet.
Développer le local de manière raisonnée
Les représentants du Snia se prononcent davantage en faveur du soutien aux cultures protéines locales. « La société demande la relocalisation des approvisionnement, nous y sommes favorables mais cela doit se faire dans un cadre raisonné, où les filières sont considérées », explique Pascal Pringault, vice-président du Snia. La construction d’une « boîte à outils » pour accompagner la structuration des filières est à l’œuvre. Des réflexions sont également en cours sur la manière de contractualiser avec des opérateurs locaux, comme les organismes stockeurs, afin de construire des filières régionales, notamment dans le cadre du Plan protéines. Mais le syndicat ne veut pas se précipiter. « Nous allons réfléchir de manière collégiale sur la faisabilité et la pérennité de ces approvisionnements, afin de ne pas fragiliser la filière », poursuit Pascal Pringault.