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Après les sanctions, les VRTH trouvent leur équilibre

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Après le rapport de l’Anses interrogeant leurs conséquences sur l’environnement, et un durcissement règlementaire, les VRTH ont trouvé leur équilibre dans les rotations. Supprimées en colza, plebiscitées en tournesol, elles pourraient également se développer en maïs avec l’interdiction du S-métolachlore

Après les sanctions, les VRTH trouvent leur équilibre
Après les sanctions, les VRTH trouvent leur équilibre

Malgré les doutes sur leurs effets environnementaux, les interrogations du Conseil d’État sur leur statut d’OGM, et un durcissement règlementaire, les variétés tolérantes aux herbicides, VRTH, se maintiennent dans les rotations, notamment pour les cultures offrant peu d’alternatives. L’Anses, dans son premier rapport publié en 2020, estimait que les surfaces VRTH s’élevaient à 27 % de la sole de tournesol, soit 160 000 ha. Malgré un renforcement de la réglementation fin 2021 suite à une décision du Conseil d’État, la popularité aurait continué de grandir chez les producteurs, atteignant actuellement 35 % des surfaces semées selon Franck Duroueix.

Principale raison de cet engouement : « les VRTH sont un levier incontournable pour lutter contre des adventices difficiles en tournesol, comme le datura, l’ambroisie, et surtout le chardon ». Les semences utilisées sont résistantes à deux molécules en particulier : tribénuron-méthyle (FMC) et l’imazamox (BASF), des herbicides de la famille des inhibiteurs de l’acétolactate synthase autorisés respectivement depuis 1991 et 2013. « Cette famille de molécule est utilisée sur plus de 5 Mha au total en France, car le soja, les pois mais aussi les céréales y sont naturellement résistants », rappelle Franck Duroueix.

Pas de baisse des IFT

Le succès des tournesols VRTH s’explique donc par leur capacité à faire entrer cette culture dans un programme classique de traitement. Mais, comme le remarquait l’Anses, ces semences n’entraînent en revanche pas de baisse des traitements. « Dans la mesure où les VRTH sont utilisés dans les situations les plus compliquées, nous ne remarquons pas de réduction marquée des IFT », confirme Franck Duroueix.

Le renforcement réglementaire aurait en revanche eu complètement raison des VRTH en colza. « Il y avait trop de problèmes, nous avons eu nous-même des essais variétaux détruits », confie Franck Duroueix. Alors qu’elles n’existent pas en tournesol, des solutions alternatives sont par ailleurs à disposition des agriculteurs pour désherber les colzas, avec des passages mécaniques ou d’autres molécules.

Les évolutions réglementaires pourraient rebattre les cartes

Les VRTH continuent en revanche d’être utilisées de manière marginale en maïs. Une seule molécule est concernée, là encore chez BASF : le cycloxydime. « La tolérance est désormais accessible du point de vue génétique, mais les sélectionneurs ont besoin de temps pour l’intégrer, et les agriculteurs qui choisissent des VRTH n’ont donc pas accès aux variétés les plus récentes », analyse Valérie Bibard chez Arvalis.

En maïs, les VRTH ne permettent pas non plus de réduire les traitements, mais bien de contourner certaines résistances chez les adventices. « Le retrait du S-métolachlore après la campagne prochaine laisse également un point d’interrogation. Nous aurons besoin de ce type de solution pour la post-levée, même si cela ne se voit pas encore dans les achats, analyse Valérie Bibard. Pour gérer les graminées, certains producteurs auront peut-être besoin d’une solution de ce type pour la post-levée  », note l’experte.

« Par ailleurs, le tribénuron-méthyl est une des seules molécules pour laquelle la DGAL ne relève pas de risque de non renouvellement dans son analyse Parsada sur les 75 substances actives. De fait, cela donne plutôt une assez bonne visibilité sur cette solution ». indique Franck Duroueix.